Les marchés européens et asiatiques restent fébriles

[23/10/2008 21:39:10] PARIS (AFP)

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à la Bourse de New York le 23 octobre 2008 (Photo : Chris Hondros)

Les marchés financiers restaient fébriles jeudi, tétanisés par une avalanche de mauvaises nouvelles sur le front des entreprises et les signes avant-coureurs d’une récession sévère dans le monde, à la veille d’une réunion de crise de l’Opep.

Les investisseurs étaient nerveux dans l’attente des décisions des principaux pays exportateurs de pétrole (Opep) vendredi à Vienne, qui comptent baisser leur production pour enrayer le plongeon des cours du brut.

“Nous allons réduire la production”, a assuré jeudi le président de l’OPEP Chakhib Khelil, tout en soulignant que l’organisation prendrait soin de “ne pas aggraver la crise financière en baissant trop” son offre.

Autre réunion de crise annoncée jeudi, celle des dirigeants européens qui se retrouvent le 7 novembre à Bruxelles, pour préparer le sommet international prévu une semaine plus tard près de Washington.

L’annonce mercredi de ce sommet des pays industrialisés et émergents (G20) consacré à une réforme du système financier n’avait pas pesé lourd face aux inquiétudes des investisseurs.

Cette réunion est “une condition nécessaire mais pas suffisante” pour permettre le retour de la confiance sur les marchés financiers, a relativisé Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI.

Les Bourses européennes ont clôturé jeudi en ordre dispersé. Soutenues par l’ouverture en hausse de Wall Street où les valeurs énergétiques profitaient d’un léger rebond du pétrole, les places de Londres et Paris ont terminé en hausse, respectivement de 1,16% et de 0,38%.

En revanche, Francfort a perdu 1,13%, Madrid, déprimée par les inquiétudes sur la situation en Argentine, a cédé 2,05%, et Milan 0,15%.

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étrole des pays membres de l’Opep (Photo : Francis Nallier)

Vers 18H00 GMT, la Bourse de New York évoluait dans le rouge, le Dow Jones perdant 1% et le Nasdaq 3,75% .

Les Bourses asiatiques avaient terminé en baisse, Tokyo cédant 2,46%, Hong Kong 3,54% et Shanghai 1,07%.Les perspectives de baisse de la production ont provoqué un rebond de deux dollars des cours du brut qui s’échangeait vers 18H00 GMT autour de 67 dollars le baril à Londres et de 69 dollars à New York.

Les cours de l’or noir ont cependant chuté de plus de moitié depuis un sommet de 147 dollars en juillet. Une glissade qui pourrait, selon des analystes, atténuer le choc de la récession.

“Le plongeon des cours du baril et de nombreuses matières premières” va “évidemment permettre d’améliorer le pouvoir d’achat et relancer les dépenses” des ménages, a estimé jeudi Marc Touati, économiste chez Global Equities.

Dans ce contexte de ralentissement des prix, la Banque centrale européenne envisage de faire un nouveau geste: “nous sommes en position de diminuer les taux sans ajouter de risques inflationnistes à moyen terme”, a estimé Jose Manuel Gonzales-Paramo, membre de son directoire.

L’euro, pénalisé par les craintes de récession en Europe, évoluait jeudi autour de 1,28 dollar, très loin de son record de 1,60 dollar atteint en juillet.

Soucieux de contrer la récession, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi la création d’un “fonds public d’intervention”, un fonds souverain à la française qui pourra “intervenir massivement” en faveur des “entreprises stratégiques” en difficulté.

Ce fonds mobiliserait “grosso modo, une centaine de milliards d’euros”, a précisé le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez.

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étenue par General Motors) en Allemagne le 13 mars 2007 (Photo : Volker Hartmann)

Mais l’Allemagne a catégoriquement rejeté un tel dispositif au niveau européen qui s’apparente, selon elle, à une forme de protectionnisme.

Aux Etats-Unis, le Trésor américain a annoncé qu’il mettait au point un plan de protection des propriétaires immobiliers en difficulté.

En attendant des mesures de soutien, les annonces des résultats des entreprises montrent que la crise n’est plus cantonnée à la sphère financière.

Coup sur coup, les marchés ont encaissé une baisse du bénéfice trimestriel de Sony (-72% sur un an), une chute des perspectives de croissance d’Air France-KLM et un avertissement sur résultat du groupe automobile italien Fiat.

Le secteur automobile est en effet touché de plein fouet: le suédois Volvo va supprimer 850 emplois supplémentaires, après les 1.400 annoncés fin septembre.

L’américain Chrysler fermera plus rapidement que prévu une usine dans le Delaware et va supprimer 1.800 emplois d’ici la fin de l’année.

Son concurrent General Motors envisage des licenciements secs, sans les chiffrer, pour faire face à ses difficultés financières. Son programme de départs volontaires ne suffit plus.

L’allemand Daimler a une nouvelle fois revu à la baisse ses objectifs de bénéfice d’exploitation pour 2008, qui restera néanmoins élevé (plus de 6 milliards d’euros).

Volkswagen pourrait licencier jusqu’à 25.000 travailleurs intérimaires et réduire la production, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

Le français Renault a revu à la baisse sa prévision de marge pour 2008. Les marchés automobiles européens se sont nettement dégradés, a-t-il prévenu. Et même la croissance dans certains pays émergents commence à ralentir.

D’autres entreprises françaises résistent mieux à la crise, à l’instar du groupe nucléaire Areva, qui a annoncé une hausse de 9% de ses ventes, ou du distributeur Carrefour, avec une hausse de 7% de son chiffre d’affaires.

Les banques ne voient toujours pas le bout du tunnel.

L’américaine Goldman Sachs s’apprête à supprimer 10% de ses effectifs, soit plus de 3.000 emplois, selon le Wall Street Journal.

La deuxième banque helvétique, Credit Suisse, a annoncé une perte nette de 1,26 milliard de francs suisses au troisième trimestre.

Une rafale de mauvaises nouvelles continuait jeudi de nourrir les craintes d’une récession sévère dans les grands pays industrialisés.

La Maison Blanche a admis que les Etats-Unis s’acheminaient vers une hausse importante du chômage et a préparé les esprits à l’idée de plusieurs mois d’économie ralentie.

L’Allemagne, première économie européenne, a reconnu jeudi que ses exportations, pilier de sa croissance, étaient durement touchées.

Les commandes industrielles de la zone euro ont baissé de 6,6% sur un an en août.

En France, le moral des industriels est tombé à son plus bas depuis décembre 1993, dernière année de récession. Seule lueur d’espoir: les ménages ont consommé davantage en septembre que le mois précédent (+0,6%).