Sarkozy insiste pour un “gouvernement économique” de l’UE

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ésident français Nicolas Sarkozy à Argonay le 23 octobre 2008 (Photo : Fred Dufour)

[23/10/2008 15:03:47] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy, ignorant les réticences de ses partenaires allemands, invite avec une insistance croissante l’UE à se doter d’un “gouvernement économique”, que certains lui prêtent l’intention de diriger.

“Plus que jamais, l’Europe prend conscience qu’elle a besoin d’un véritable gouvernement économique, dont elle vient d’expérimenter ce qu’il pourrait être, et l’utilité qu’il pourrait avoir”, a affirmé jeudi le chef de l’Etat à Argonay (Haute-Savoie).

C’était la deuxième fois en une semaine que le président en exercice de l’Union européenne abordait le sujet, après une conférence de presse mardi au Parlement européen.

Cette direction réclamée depuis longtemps par la France s’inscrirait “tout naturellement”, a-t-il dit, dans un Eurogroupe réuni au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, et non plus à celui des ministres des Finances.

L’Eurogroupe s’était réuni pour la première fois dans cette formation le 12 octobre, à Paris. C’est à la suite de ce sommet exceptionnel que les Européens avaient décidé de consacrer quelque 2.000 milliards d’euros au sauvetage de leurs banques.

Jeudi, M. Sarkozy a fortement appuyé sa démonstration, mettant en scène sa “stupéfaction” de découvrir qu’après huit ans d’existence, l’Eurogroupe ne s’était jamais réuni au niveau des chefs d’Etat avant le 12 octobre.

“Des fois on me dit, tu vas trop vite”, a-t-il poursuivi devant un public hilare, et tout acquis à sa cause: “Mais par rapport à la vitesse du changement du monde, on ne va pas trop vite, on ne va pas encore assez vite”, a-t-il lancé.

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ésident français Nicolas Sarkozy au Parlement européen à Strasbourg le 21 octobre 2008 (Photo : Dominique Faget)

Les députés européens ont largement approuvé, mercredi, une résolution réclamant un gouvernement économique de la zone euro.

La proposition française suscite en revanche de fortes réserves en Allemagne, traditionnellement attachée à l’indépendance absolue de la Banque centrale européenne (BCE) vis-à-vis des instances politiques.

Cette méfiance est renforcée par les supputations selon lesquelles Nicolas Sarkozy se verrait bien, après avoir présidé l’UE pendant six mois, dans la peau d’un président de l’Eurogroupe pour une période d’un an.

C’est ce qu’a affirmé mercredi Le Monde, citant “plusieurs conseillers de l’Elysée”.

Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet a donné du poids à cette hypothèse jeudi, lors d’une rencontre avec des journalistes.

“Il y a un président de l’Eurogroupe aujourd’hui, c’est (le Premier ministre luxembourgeois) Jean-Claude Juncker”, a-t-il dit. “Après, il y a un homme dont l’énergie est saluée par tout le monde, qui est Nicolas Sarkozy”.

Angela Merkel a fait savoir qu’elle souhaitait débattre du “gouvernement économique” dès vendredi avec Nicolas Sarkozy, en marge du sommet Europe-Asie à Pékin.

Mais dès jeudi, le porte-parole de la chancelière allemande a pris soin de préciser que “le président naturel” d’un Eurogroupe au niveau des chefs d’Etat serait… Jean-Claude Juncker, qui préside déjà l’Eurogroupe classique.

Quant à la future présidence tchèque de l’UE, qui doit succéder le 1er janvier à la France, elle a publié une réaction courroucée au plan prêté à M. Sarkozy.

“Personne ne peut annuler la présidence tchèque”, a commenté à Prague une porte-parole du gouvernement. Et “si l’Eurogroupe se met d’accord pour être présidé par un Français et se rencontrer plus souvent, on ne peut probablement pas l’empêcher, mais ce ne serait pas une sage décision”.