[23/10/2008 19:45:05] ARGONAY (AFP)
à Argonay le 23 octobre 2008 (Photo : Fred Dufour) |
Le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi des mesures “exceptionnelles” de soutien à l’économie, dont la principale est la création d’un fonds d’investissement souverain à la française pour les entreprises en difficulté.
Il a également plaidé, lors d’un discours à Argonay (Haute-Savoie), pour un “gouvernement économique” de l’Europe, face à la crise mondiale, une proposition déjà fraîchement accueillie en Allemagne.
Insistant sur “la gravité” de la crise financière et refusant de “faire croire aux Français qu’elle n’aura aucune conséquence sur l’activité, l’emploi, le pouvoir, d’achat”, M. Sarkozy a lancé: “notre réponse à la crise, c’est l’investissement pour la compétitivité de nos entreprises”.
Il a annoncé la création, “avant la fin de l’année”, d’un “fonds public d’intervention” – ou “fonds stratégique d’investissement” – qui interviendra “massivement chaque fois qu’une entreprise stratégique aura besoin de fonds propres”.
Le fonds bénéficiera des ressources propres de la Caisse des dépôts et consignations, qui sera chargée de le gérer, sous la surveillance du Parlement mais aussi d’apports publics ou privés, a précisé l’Elysée. M. Sarkozy n’a pas donné de chiffre ou d’ordre de grandeur.
Le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez a ensuite estimé que l’Etat devrait pouvoir mobiliser “grosso modo, une centaine de milliards d’euros”, mais faisait selon son entourage référence aux sommes que l’Etat va investir dans l’activité économique dans les trois prochaines années.
Le président a également annoncé que tous les nouveaux investissements des entreprises en France seraient “exonérés à 100% de la taxe professionnelle jusqu’au 1er janvier 2010”. La mesure prend effet jeudi et coûtera à l’Etat, selon l’Elysée, environ un milliard d’euros en année pleine.
La taxe professionnelle, “qui pénalise nos emplois, notamment nos emplois industriels”, a dit M. Sarkozy, sert notamment à financer le budget des collectivités locales.
Face au risque d’assèchement du crédit provoqué par la crise financière, le président a encore annoncé la création d’un poste de “médiateur du crédit, qui sera à la disposition des entreprises françaises qui auront des difficultés pour accéder au crédit”.
Lors d’une table ronde avec des industriels de la région, avant de prononcer son discours, M. Sarkozy a lancé une sévère mise en garde aux banques.
Puisque “l’Etat est venu puissamment” à leur secours face à la crise -avec un plan de soutien de 360 milliards d’euros- “on fera de l’opinion publique le juge du comportement des banques (…) ceux qui ne joueront pas le jeu assumeront leurs responsabilités, et assumer ses responsabilités, c’est partir et partir tout de suite”, a-t-il dit.
Le chef de l’Etat a évoqué “l’investissement direct” en trois ans de “175 milliards d’euros” dans l’activité économique. Il ne s’agit pas d’une “mesure nouvelle”, a précisé l’Elysée, mais de la totalité de “la part investissement des crédits budgétaires” comprenant notamment la recherche et les transports et qui pourrait augmenter en 2009 “en fonction de l’évolution de la situation”.
Selon M. Sarkozy, aucune de ces mesures n’aura de “conséquences budgétaires” en 2009. Il n’y aura donc “ni politique d’austérité, ni augmentation des impôts”, a-t-il réaffirmé. “Que la croissance soit de 0,5% ou de 1%, qu’est-ce que cela change dans (la) vie quotidienne” des Français, nul besoin est de “s’étriper au Parlement” sur cette question, a-t-il lancé.
L’opposition n’a pas été de cet avis. Le patron du PS François Hollande a dénoncé une “opération de poudre aux yeux”. “Ce n’est plus de l’économie, c’est de la magie”, a-t-il dit.