Tunisie-Corée du Sud : l’économie par le taekwondo

Connus en Tunisie pour leurs produits de haute technologie,
téléphones portables, téléviseurs à écran plat, et autres petits bijoux
électroniques, les Sud-Coréens ont décidé de renforcer leur présence dans les
pays arabes. Un peu dans le sillage des Chinois, déjà quasiment omniprésents en
Algérie, au Soudan, et d’autres pays d’Afrique dotés d’un riche sous-sol. Et les
Coréens veulent visiblement leur part. Le 21 octobre, la 9ème session de la
Commission mixte tuniso-sud coréenne s’est ainsi tenue, à Tunis. Sous la
présidence de Mme Saïda Chtioui, secrétaire d’Etat chargée des Affaires
américaines et asiatiques auprès de notre ministre des Affaires étrangères, et
M. Kwon Jong-rak, premier vice-ministre des Affaires étrangères de la République
de Corée.

L’opération de séduction à la coréenne revêtira ainsi plusieurs aspects.
Economique, technologique, évidemment. Mais dans un luxueux emballage culturel
et sportif. On se souviendra ainsi que le décollage économique du Japon, dans
les années 60, a été accompagné d’un véritable intérêt pour tout ce qui venait
du pays des Samouraïs. L’intérêt européen pour des arts martiaux comme le Judo,
le Karaté, date d’ailleurs de cette époque. Renforçant ainsi dans les esprits
l’idée de l’efficacité nippone. Les Coréens marcheront sur leurs traces. L’Equipe
nationale coréenne de Démonstration de Taekwondo sera parmi nous, ce dimanche 26
octobre, pour présenter à l’Ariana, dans la principale salle de sport, des
démonstrations et des combats d’exhibition. De quoi susciter l’enthousiasme de
milliers de jeunes Tunisiens pratiquant cet art de combat.

Alors du sport ? Oui. Mais sous l’égide conjoint de la Fédération tunisienne,
et de… l’ambassade coréenne. Ce sera ainsi l’occasion pour les pratiquants
tunisiens de ce sport de combat de disputer la 7ème coupe de l’ambassadeur de la
République de Corée à Tunis. Une opération dûment sponsorisée par des fleurons
de l’industrie coréenne. De quoi créer des liens…

A l’heure actuelle, nos exportations sur le marché coréen plafonnent à 1,8
million de dinars, dominées par le textile (38%) et les industries électriques
et mécaniques (33%) (chiffres de juin 2007). Mais des conventions ont été
signées, pour intensifier les relations notamment dans les domaines des
technologies de l’information et de la communication. Le centre Internet de la
Cité des Sciences a ainsi été équipé par le dragon asiatique. Et ce n’est qu’un
début. Une fondation, The Korea Arab Society (KAS) a été créée, vers fin août
2008, à Séoul, avec pour objectif affiché de «renforcer la compréhension
mutuelle, présenter la culture coréenne aux pays arabes et faire découvrir la
culture arabe aux Coréens». C’est le président de la fondation lui-même qui le
dit, à savoir, M. Lee-Beom Lee, par ailleurs à la tête de l’organisation
patronale Korea international trade association (KITA). Une espèce d’UTICA
coréenne, qui «pèse» plus de 65.000 entreprises.

L’historique ‘’Route de la soie’’, qui a relié le monde asiatique aux
Européens par l’intermédiaire des Arabes, et par le biais du commerce, reprend
ainsi du service. Et puisque tous les arguments sont bons, pour encourager les
rapprochements, les Coréens rappelleront du reste qu’eux aussi ont été victimes
du colonialisme… Japonais. Une manière de river le clou au rival asiatique. Un
argument qui fait d’ailleurs mouche, dans un pays comme l’Algérie, où la mémoire
de la Guerre d’Indépendance est à fleur de peau. C’est donc ce genre de «petites
phrases» qu’on leur servira. En veux-tu, en voilà. Pour le consommateur
tunisien, l’approvisionnement auprès des industriels tunisiens ne manque pas
d’attraits. D’autant plus que cette 10ème puissance économique mondiale offre
des produits à des prix sans concurrence. Notamment des voitures, alors que ce
sont les Français qui se taillent encore la part du lion dans ce secteur, en
Tunisie. Le pays du Matin Calme, tel que les Coréens nomment leur patrie, a donc
encore beaucoup à nous donner.