Les marchés asiatiques toujours en baisse face aux incertitudes économiques

[24/10/2008 06:58:50] TOKYO (AFP)

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à la Bourse de Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

Les marchés asiatiques baissaient de nouveau vendredi face aux incertitudes planant sur l’économie mondiale, alors que les pays de la région ont annoncé le lancement d’un fonds monétaire pour parer aux crises financières, au matin d’un sommet Asie-Europe qui s’ouvre à Pékin.

La Bourse de Tokyo a terminé la séance de vendredi sur un plongeon de 9,60%, l’indice Nikkei cédant 811,90 points à 7.649,08 points en raison de la spectaculaire flambée du yen et des mauvaises perspectives de résultats pour les grandes entreprises japonaises. Les investisseurs japonais s’inquiétaient des hésitations de Wall Street et de la hausse récente du yen qui pénalise les exportateurs nippons.

Le géant de l’électronique Sony a en outre sévèrement revu à la baisse ses objectifs annuels et chutait de 11% en séance, tirant à la baisse les autres titres d’entreprises électroniques. “Au vu de la volatilité de Wall Street, de la tendance des autres places financières et du yen plus haut, il n’est pas étonnant que les actions chutent à Tokyo”, a estimé Daisuke Uno, stratège à la banque Sumitomo Mitsui, ajoutant que l’orientation à la baisse des marchés mondiaux “n’avait pas changé”.

La plupart des autres bourses asiatiques étaient également en forte baisse, pour la troisième journée consécutive. Vers 02H15 GMT, Hong Kong perdait 3,71%, Séoul 3,51%, Singapour 3,50%, Taipeh 3,00%, Kuala Lumpur 1,84%, Sydney 1,49% et Manille 1,42%. Shanghai était quasi-stable à -0,18%.

Afin de parer à de futures crises financières dans la région, les nations est-asiatiques ont annoncé la création d’ici le mois de juin d’un fonds commun de réserves de 80 milliards de dollars (62 milliards d’euros), a annoncé dans la matinée le porte-parole du président sud-coréen Lee Myung-Bak.

“M. Lee, les Premiers ministres chinois Wen Jiabao et japonais Taro Aso et dix dirigeants de l’Asean (Association des Nations d’Asie du sud-est, ndlr) se sont réunis pour un petit déjeuner informel à Pékin et ont convenu de la nécessité de renforcer la coopération régionale et la coordination des politiques face à la crise financière mondiale”, a déclaré ce porte-parole.

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éjeuner informel avec les dirigeants asiatiques le 24 octobre 2008 à Pékin (Photo : David Gray)

Ces dirigeants asiatiques se sont réunis au matin d’un sommet Europe-Asie, qui s’ouvre vendredi pour deux jours à Pékin et sera accaparé par la crise financière. L’Union européenne pourrait tenter de rallier les puissances émergentes à la refondation du système économique.

A l’exception du Britannique Gordon Brown, quasiment tous les chefs d’Etat ou de gouvernement des pays de l’Asem, qui pèsent 60% du PIB mondial, participeront au sommet. L’Asem regroupe les 27 pays de l’UE, les dix membres de l’Asean et six autres pays asiatiques dont les poids lourds économiques Chine, Inde et Japon.

Hésitante face aux incertitudes économiques, la Bourse de New York avait fini jeudi sur un gain de 2,02%, après une séance de montagnes russes. Les investisseurs ont reçu des signaux contrastés des entreprises quant à leurs résultats.

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La Bourse de New York le 23 octobre 2008 (Photo : Stan Honda)

Avant Wall Street, les Bourses européennes avaient clôturé en ordre dispersé: Londres et Paris en hausse, respectivement de 1,16% et de 0,38%, Francfort en baisse de 1,13%.

La Bourse de Sao Paulo, première place financière d’Amérique du sud, avait une nouvelle fois clôturé en forte baisse (-3,57%).

Les investisseurs restaient nerveux dans l’attente des décisions des principaux pays exportateurs de pétrole (Opep) vendredi à Vienne, qui comptent baisser leur production pour enrayer le plongeon des cours du brut. “Nous allons réduire la production”, a assuré le président de l’Opep, Chakhib Khelil, tout en soulignant que l’organisation prendrait soin de “ne pas aggraver la crise financière en baissant trop” son offre.

Les perspectives de baisse de la production ont provoqué un rebond de deux dollars des cours du brut qui a fini à New York à 67,84 dollars, mais l’or noir a cependant chuté de plus de moitié depuis un sommet de 147 dollars en juillet. Une glissade qui pourrait, selon des analystes, atténuer le choc de la récession.

Autre réunion de crise annoncée jeudi, celle des dirigeants européens qui se retrouvent le 7 novembre à Bruxelles, pour préparer le sommet international prévu une semaine plus tard près de Washington.

Les progrès sociaux obtenus ces dernières années par les pays en développement sont menacés par la crise, a averti de son côté le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva. “La crise financière mondiale peut affecter de façon injuste et particulièrement dure les pays en développement”, a-t-il dit.

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à Washington (Photo : Mark Wilson)

L’ancien président de la banque centrale américaine Alan Greenspan a estimé que le marché du crédit vivait “un tsunami comme on en voit un par siècle”, lors d’une audition devant une commission parlementaire à Washington. Conscient qu’une bonne partie de la presse le rend responsable de la crise actuelle, M. Greenspan a reconnu la présence d’une “faille” dans son idéologie capitaliste. Dans un contexte de ralentissement des prix, la Banque centrale européenne s’est dit “en position de diminuer les taux sans ajouter de risques inflationnistes à moyen terme”, a estimé Jose Manuel Gonzales-Paramo, membre de son directoire.

L’euro, pénalisé par les craintes de récession en Europe, évoluait autour de 1,29 dollar, très loin de son record de 1,60 dollar atteint en juillet.

Le secteur automobile est déjà touché de plein fouet par la crise: le suédois Volvo va supprimer 850 emplois, en plus des 1.400 déjà annoncés, l’américain Chrysler 1.800, General Motors envisage des licenciements. L’allemand Volkswagen pourrait licencier jusqu’à 25.000 travailleurs intérimaires, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung.