Pétrole : la baisse de l’offre Opep ne devrait pas stabiliser les prix à court terme

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érien de l’Energie et président de l’Opep, Chakib Khelil, le 24 octobre 2008 à Vienne au siège de l’organisation (Photo : Dieter Nagl)

[25/10/2008 10:21:53] VIENNE (AFP) La baisse de production décidée par l’Opep vendredi risque à court terme de ne pas être en mesure d’arrêter la chute des prix de l’or noir, minés par les craintes liées à la récession économique, mais pourrait à plus long terme semer les conditions d’un fort rebond des prix.

Les prix du brut ont chuté de presque 60% en trois mois et demi, passant de 147,50 dollars le baril le 11 juillet à 61 dollars vendredi, entraînés dans la spirale baissière des marchés mondiaux.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s’est réunie en urgence vendredi pour tenter d’enrayer ce plongeon des prix, mais sa décision de retirer 1,5 million de barils par jour (mbj) du marché à partir du 1er novembre ne devrait pas parvenir à court terme à stabiliser les cours, pronostiquent les analystes.

D’une part, “les marchés prévoyaient 1 à 1,5 mbj. Il aurait fallu une baisse plus forte pour provoquer un choc psychologique sur les marchés”, souligne Cornelia Meyer, analyste énergétique indépendante.

D’autre part, les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent aux Etats-Unis et en Europe, mauvais présages pour la consommation d’énergie, alors que même les pays émergents comme la Chine ou l’Inde, moteurs de la demande pétrolière ces dernières années, sont atteints par la crise.

En outre, la flambée pétrolière du début 2008 avait été en partie alimentée par un afflux d’investisseurs qui voyaient dans le pétrole un actif financier à fort rendement et une bonne couverture contre la chute des cours du dollar.

A l’inverse, le retournement du marché pétrolier à la mi-juillet est largement dû à un exode de ces investisseurs purement financiers.

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Les nouveaux quotas des pays membres de l’Opep.

“Il n’y avait rien à faire pour stopper les prix à la hausse, il n’y a rien qui puisse les stopper à la baisse. Il est donc tout à fait possible que les prix continuent à reculer”, remarque Cornelia Meyer.

Notamment si la situation de l’économie mondiale continue à se détériorer, minant la demande de pétrole.

L’Opep pourrait alors être tentée de resserrer encore plus son offre. Elle a prévenu qu’elle pourrait se réunir aussi souvent que possible, et pourrait agir si besoin avant sa prochaine réunion, prévue à Oran en Algérie le 17 décembre.

Sans compter qu’à plus long terme, la réduction de la production annoncée vendredi devrait immanquablement entraîner un regain de tension entre l’offre et la demande.

“Du point de vue de l’offre et la demande, j’aurais préféré que l’Opep ne baisse pas sa production”, remarque Cornelia Meyer.

La coupe de l’Opep devrait empêcher que des stocks pétroliers excessifs ne se constituent sur le marché “au premier trimestre 2009, au moment où la demande saisonnière baisse”, remarque Vera de Ladoucette, analyste du Cera, qui ajoute que “l’Arabie saoudite et le Koweït ont déjà, par manque de clients, commencé à réduire leur offre”.

Celle de Ryad, premier producteur mondial et leader de l’Opep, est passée de 9,6 mbj environ en juillet à “9,1 ou 9,2 mbj en octobre, et qui devrait encore être inférieure en novembre”, ajoute-t-elle.

Alors que l’exploitation des nouveaux gisements pétroliers coûte cher, des cours durablement bas pourraient aussi remettre en question de nombreux projets mis en route ces derniers mois pour tenter de faire face à la demande forte des pays émergents.

“Les investissements qu’on fait avec un baril à 95 dollars, on hésite à les faire” à 60 dollars, poursuit Mme de Ladoucette.

“Avec des prix du pétrole bas, on hypothèque le futur. Nous aurons des prix pétroliers encore plus élevés plus tard. D’ici deux ans, quand l’économie aura redémarré, les prix pourraient vraiment monter très haut”, conclut Mme Meyer.