Crise : appels à réformer le système financier mondial avant le sommet du G20

[25/10/2008 16:15:52] PARIS (AFP)

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ésident français Nicolas Sarkozy, le 25 octobre 2008 à Pékin (Photo : Minoru Iwasaki)

Les appels à une profonde réforme du système financier international se multiplient face à une crise financière et économique qui se mondialise rapidement, tandis que les marchés financiers, saisis par la panique, se préparaient à une nouvelle semaine noire.

“Nous avons besoin d’innovation financière pour mieux servir l’économie, mais avons encore plus besoin d’une plus grande régulation pour assurer la stabilité financière”, a lancé samedi le Premier ministre chinois Wen Jiabao, à l’issue du sommet Asie-Europe qui a réuni à Pékin 43 pays d’Asie et d’Europe.

“L’économie virtuelle doit être coordonnée avec l’économie réelle”, a souligné Wen Jiabao en confirmant que la Chine prendrait “une part active” au grand sommet du G20 du 15 novembre à Washington.

De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a souligné à Pékin que ce sommet du G20 devait déboucher sur du concret.

“Chacun a parfaitement compris qu’il n’était pas possible de se réunir uniquement pour parler. Des décisions seront prises”, a affirmé Nicolas Sarkozy, qui préside l’Union européenne jusqu’à la fin 2008 et a beaucoup oeuvré auprès de Washington pour l’organisation d’un tel sommet.

Les 43 pays de l’Asem s’étaient formellement “engagés” vendredi à “entreprendre une réforme réelle et de fond des systèmes internationaux monétaire et financier”.

Les 27 pays de l’Union européenne et 16 pays d’Asie, qui représentent près de 60% du PIB mondial, ont également jugé que cette réforme passait par un rôle accru du Fonds monétaire international (FMI) “dans l’assistance aux pays sérieusement touchés par la crise, à la demande de ces derniers”.

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La Bourse de Seoul s’effondre, le 24 octobre 2008 (Photo : Kim Jae-Hwan)

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a de son côté appelé vendredi à la mise sur pied d’une “nouvelle solidarité mondiale” pour que les pays pauvres ne fassent pas les frais de la crise financière et économique.

“La crise actuelle va affecter tous les pays mais ceux qui en souffriront le plus seront probablement ceux qui en sont le moins responsables, les pays pauvres en développement”, a affirmé Ban Ki-moon, à l’issue d’une réunion des chefs des principales agences de l’ONU, du FMI et de la Banque mondiale.

Car après les marchés boursiers, les banques et les grandes entreprises de divers secteurs, plusieurs pays du monde entier se retrouvent au bord de la faillite, dont certains qui affichaient encore récemment une belle santé.

Brésil, Afrique du Sud, Argentine, Turquie, Serbie, Mexique ou Corée du Sud pourraient, selon la presse américaine, devoir faire appel à une aide du FMI.

Pakistan, Ukraine, Bélarus et Hongrie sont déjà en discussion avec le FMI, qui dispose de quelque 200 milliards de dollars et pourrait faire appel au soutien de certaines grandes banques centrales.

Avec un prêt de 2,1 milliards de dollars, l’Islande est devenue vendredi le premier pays occidental depuis 1976 à recourir à un emprunt auprès du FMI.

“Même si certaines conditions politiques seront toujours attachées aux prêts du FMI, les conditions seront moins nombreuses et plus ciblées que par le passé”, a assuré le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn en évoquant le “choc financier le plus dangereux depuis les années 1930”.

Mais trois semaines avant le sommet de Washington, les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent et la tempête n’en finit de pas de souffler sur les marchés financiers.

“De la peur à l’état pur”, voilà ce qui inspire les marchés, analysait vendredi à New York Gina Martin, de Wachovia Securities.

Les Bourses de Tokyo et Wall Street et sont tombées vendredi à leur plus bas niveau depuis avril 2003. Celle de Paris à perdu 43% depuis le début de l’année.

Rare marché ouvert le samedi, la Bourse d’Arabie saoudite cédait plus de 9% quelques minutes après le début des transactions à 08h00 GMT. A Ryad également, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des six monarchies du Golfe ont entamé samedi à huis clos une réunion extraordinaire sur les conséquences de la crise financière internationale.

“Si la chute des marchés actions a pour origine les craintes d’une récession internationale, alors la semaine prochaine sera très mauvaise. Le calendrier économique est rempli d’indicateurs qui seront uniformément atroces”, notait vendredi à New York Carl Weinberg, de High Frequency Economics.

Le pétrole voyait ses prix continuer à déprimer, en route vers les 50 dollars le baril après un sommet à 147 dollars en juillet, malgré une réduction de production décidée vendredi par l’Opep.

Les prix des matières premières s’effondrent et même l’or, traditionnelle valeur refuge, est retombé vendredi à son plus bas depuis septembre 2007.

Sur le front bancaire, la banque belge KBC a demandé une recapitalisation de 3,5 milliards d’euros de l’Etat belge, avant l’ouverture des marchés lundi, selon la presse belge samedi et, en Allemagne, les banques publiques régionales WestLB et HSH Nordbank veulent faire appel à l’aide de l’Etat allemand, selon l’hebdomadaire Der Spiegel.

La crise financière va durer au moins jusqu’à la fin 2009, a prévenu le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück dans un entretien à paraître dimanche dans le quotidien Bild am Sonntag.

“Le risque d’un effondrement est encore loin d’être passé. Il serait erroné de lever l’alerte”, a affirmé le ministre social-démocrate.