Semaine cruciale pour les marchés financiers

[26/10/2008 19:29:53] PARIS (AFP)

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à la Bourse de Sao Paulo, le 24 octobre 2008 (Photo : Mauricio Lima)

Les marchés financiers se préparent à une semaine à haut risque face à une crise financière historique qui continue d’entraîner les pays industrialisés dans la récession et malmène les économies émergentes.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a ainsi annoncé dimanche l’octroi d’un prêt de 16,5 milliards de dollars à l’Ukraine, conditionné au vote d’un plan de sauvetage économique.

Vendredi le FMI avait déjà volé au secours de l’Islande, ruinée par la déconfiture de son système bancaire, en lui accordant un prêt de 2,1 milliards de dollars, le premier consenti à un pays d’Europe de l’Ouest depuis 1976.

Les investisseurs surveilleront de près jeudi la publication de la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre, attendu en recul, qui sera précédé de plusieurs indicateurs économiques aux Etats-Unis et en Europe.

“Si la chute des Bourses a pour origine les craintes d’une récession internationale, alors la semaine prochaine sera très mauvaise. Le calendrier économique est rempli d’indicateurs qui seront uniformément exécrables”, a averti vendredi à New York l’analyste Carl Weinberg, de High Frequency Economics.

Les marchés attendent également une avalanche de résultats et de perspectives d’entreprises américaines, européennes et japonaises, en général pessimistes.

A New York, ce seront ExxonMobil, la première capitalisation du Dow Jones, Kraft Foods ou encore Procter & Gamble. Egalement annoncés, les géants pétroliers BP et Shell à Londres.

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à Paris (Photo : Alix Guigon)

A Francfort, Lufthansa, Bayer, puis la Deutsche Bank ou encore Volkswagen. A Paris, Alcatel-Lucent, France Télécom, Michelin, L’Oréal et Pernod Ricard. Après une révision à la baisse des perspectives de Sony vendredi, la saison des résultats trimestriels s’ouvre également lundi au Japon.

“De la peur à l’état pur” inspire les marchés, analysait vendredi à New York Gina Martin, de Wachovia Securities, alors que les grandes Bourses mondiales (New York, Tokyo, Londres, Paris) sont retombées à leur niveau du printemps 2003 après quatre semaines de krach.

La Réserve fédérale américaine devrait encore abaisser son taux directeur mercredi, actuellement fixé à 1,5%, et le gouvernement japonais a annoncé dimanche qu’il était prêt à multiplier par cinq, jusqu’à 110 milliards de dollars, le montant à injecter dans les banques en difficulté.

Mais face à des marchés survoltés qui ont largement ignoré les plans massifs d’intervention des banques centrales et les programmes d’aide américain ou européen aux secteurs bancaires, ces mesures risquent de peser de peu de poids.

Montrés du doigt vendredi par la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, les hedge funds (fonds spéculatifs) amplifient les mouvements boursiers en vendant en catastrophe des titres pour recouvrer des liquidités afin de se désendetter, estimaient les opérateurs.

Dans cette tactique de la terre brûlée, le secteur des hedge funds a fondu de plus de 10%, perdant 210 milliards de dollars au troisième trimestre, avec des actifs au niveau mondial estimés à quelque 1.720 milliards de dollars.

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à Tokyo, le 24 octobre 2008 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

“Nous n’avons aucune idée du temps que cela va prendre aux +hedge funds+ pour liquider leurs positions”, s’inquiétait vendredi le site Seeking Alpha.

Seules ouvertes le dimanche, les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe ont terminé en baisse: Ryad a perdu 1,66%, Koweït 3,5%, Dubaï 4,75%, Abou Dhabi 4%.

Dans l’attente du grand sommet du G20 (principaux pays industrialisés et émergents) à Washington le 15 novembre visant à réformer le système financier international, les craintes sur la propagation de la crise financière à l’économie “réelle” s’amplifient dans le monde entier.

La Banque centrale chinoise a estimé dimanche que la Chine, sans sous-estimer l’impact de la crise, disposait d’une économie assez forte pour la surmonter.

Mais dans le sud de la Chine des milliers d’usines sont menacées de fermeture. La riche province de Canton (le Guangdong), dédiée aux manufactures tournées vers l’export, devrait perdre 9.000 de ses 45.000 usines, selon des estimations.

Dans le Golfe, le Koweït a dû créer une cellule de crise et s’est engagé à garantir les dépôts bancaires. Cette décision a suivi l’annonce que Gulf Bank, second établissement de l’émirat, avait subi “des pertes” dans des transactions sur des produits dérivés, entraînant la suspension de sa cotation en Bourse.

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à la Bourse de New York, le 24 octobre 2008 (Photo : Stan Honda)

Les six pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) avaient pourtant affiché samedi “leur confiance dans la stabilité” du système financier régional, lors d’une réunion extraordinaire à Ryad.

Les pays du Golfe s’attendent aussi à ce que “les économies du Golfe continuent de croître à un bon niveau”, malgré la chute des cours du pétrole, principale source de revenu. Le brut est tombé vendredi sous les 65 dollars le baril, loin des 147 dollars de juillet dernier.

En Amérique du Sud, les ministres des Finances et les présidents des banques centrales du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) tiennent lundi une réunion de crise à Brasilia pour faire face à la tempête financière.

Les pays associés au Mercosur (Chili, Bolivie, Pérou, Equateur et Colombie), ainsi que le Venezuela, en cours d’adhésion, ont été invités à cette rencontre ministérielle.

“Personne n’a de réponse immédiate. Nous n’avons pas l’illusion que nous allons résoudre tous les problèmes”, a toutefois averti le chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim, hôte de cette réunion extraordinaire qui intervient après une semaine noire pour les marchés latino-américains, notamment au Brésil et en Argentine.