Tunisie – Immobilier : Quand le bâtiment va ou ne va pas !

Officiellement, le secteur du bâtiment serait en crise. Des
statistiques font état d’un net recul du secteur, depuis quatre ans. Les raisons
: pénurie de main-d’œuvre spécialisée, cherté des matériaux de construction
(ciment, ronds de béton, briques rouges…). Leur prix a augmenté au taux de 20%
en 2008.

Tout récemment (le 17 octobre 2008), le ministre de l’Equipement, de
l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Slaheddine Malouche, a reçu le
bureau de la Chambre nationale des promoteurs immobiliers pour s’informer des
préoccupations des professionnels.

Le président de la Chambre, Moncef Kooli, en a cité la rareté des terrains
constructibles, la lenteur administrative, la complexité des procédures et des
mécanismes de financement, le guichet unique et l’habitat destiné à la location.

Pourtant, l’immobilier est un secteur à forte croissance (+15% par an).
Environ 800 promoteurs publics et privés partagent le marché. Cette activité est
marquée par la hausse crescendo des prix. Les promoteurs se défendent d’être à
l’origine de cette flambée des prix et l’imputent au prix élevé du terrain
aménagé par les lotisseurs publics (Agence foncière de l’habitat). Selon les
professionnels, le terrain représente plus de 20% du coût global contre 15% au
plan mondial.

Autres contraintes à l’origine du prix élevé du logement : la lourdeur des
charges fiscales (TVA et bénéfices imposables), lenteur et peu de coopération
des prestataires publics (Sonede, Steg, Tunisie Telecom, ONAS, AFH….) .

Les pouvoirs publics ont été toutefois à l’écoute de la profession. Il y a
exactement un mois, une série de mesures ont été prises en faveur du secteur (18
septembre 2008). Parmi celles-ci figurent la mise à la disposition des
promoteurs de terrains constructibles, l’extension des interventions du
mécanisme public FOPROLOS à d’autres catégories sociales et la cession, au dinar
symbolique, de terres domaniales, au profit des collectivités locales aux fins
de les lotir et de construire des logements.

L’Etat reproche aux promoteurs leur non- professionnalisme et leur manque de
maîtrise des méthodes de bonne gestion et de management, facteurs à l’origine
pour la plupart des cas du surcoût.

En recevant les membres de la Chambre, M. Slaheddine Malouche n’a pas manqué
d’exhorter les promoteurs immobiliers à mieux organiser les chantiers, à en
rationaliser la gestion et à agir sur le coût du logement, un dossier auquel le
ministère attache une importance particulière. Il a évoqué la délicate question
des matériaux de construction utilisés, jusqu’ici, et dont le coût est très
élevé. Il a suggéré aux promoteurs d’opter pour des matériaux plus adaptés à
l’environnement local. Il s’est engagé à œuvrer à réduire les délais d’étude des
dossiers.

Le ministre a proposé, également, aux promoteurs immobiliers de s’organiser
en consortiums. Objectif : acquérir la taille requise pour conquérir des marchés
et mieux se positionner à l’étranger.

En appui à ces recommandations, le ministre a plaidé pour une dynamisation et
actualisation de l’Observatoire national de l’immobilier et de l’habitat et pour
l’extension de son champ d’intervention aux autres grandes villes du pays.

Au-delà des points de vue des uns et des autres, c’est l’acquéreur du
logement qui pâtit le plus de cette situation. Il a tendance plus à payer, au
prix fort, non pas un logement mais plutôt un abri, à haut risque en plus. Le
type de logement prédominant, le logement social vertical, présente souvent des
défauts dus à la mauvaise qualité du bâti (inconfort du cloisonnement, murs
lézardés, balcons inondables…).

Pis, les nouveaux quartiers manquent d’esthétique et d’animation. C’est tout
juste des ghettos sans âme. Les concepteurs de ces nouvelles villes ont occulté,
délibérément, de doter ces cités de jardins publics, de foyers universitaires et
d’équipements collectifs appropriés. A titre indicatif, les établissements
scolaires et lycées édifiés dans ces quartiers n’ont pas, hélas, la classe des
anciens Lycées de Sadiki, Khaznadar ou Alaoui.