Un des premiers et principaux bénéficiaires des
délocalisations –offshoring- dans le domaine industriel, sur la rive sud de la
Méditerranée, la Tunisie commence également à attirer des entreprises du secteur
des technologies de l’information et de la communication. Mais, selon les
conclusions d’un atelier qui, en marge du 1er forum des «Jeunes Leaders
Méditerranées» (Tunis, 17-18 octobre 2008), a réfléchi sur «comment encourager
l’offshoring et un développement plus rapide dans les nouvelles technologies»,
elle n’est ni la seule ni la mieux placée sur ce créneau, parmi les pays du Sud
de la Méditerranée.
Ses principaux concurrents sont le Maroc et l’Egypte, en Afrique du Nord,
l’Inde et le Vietnam, en Asie. Malgré l’intensification de la concurrence, le
marché demeure porteur. Ouissem Ghorbel, qui considère qu’une stratégie d’offshoring
«peut avoir un grand impact macroéconomique» sur l’économie d’un pays émergent,
l’estime à «450 milliards de dollars, au moins». Toutefois, les pays
méditerranéens ayant une stratégie ou une ambition en matière d’offshoring
doivent relever quatre défis pour «se construire une aptitude» dans ce domaine.
Il leur faut ainsi améliorer leurs infrastructures –en particulier télécom-,
développer les compétences de langue, et de management –en plus de celles
spécifiques aux industries-, bâtir un environnement «distinctif» leur permettant
d’attirer les investisseurs, et trouver des partenaires internationaux
permettant au pays d’«avoir un effet d’appel».
Face à leurs concurrents asiatiques, les deux maghrébins –la Tunisie et le
Maroc- qui sont dans ce cas de figure, présentent à la fois des atouts et des
faiblesses.
«Vendre le Maroc à nos clients en France est extrêmement porteur, bien qu’il
soit plus cher que l’inde», témoigne Nicolas Dufourcq, directeur financier de
Capgemini. Implanté au Maroc depuis début 2007, ce groupe fait travailler 150
personnes –«220 d’ici la fin de l’année»- à CasaShore.
Un ingénieur coûte 110 euros/jour au Maroc, contre 58 en Inde et 25 au
Vietnam. Toutefois, «la qualité des étudiants est égale à ce qu’on trouve en
France, et la productivité au Maroc est meilleure qu’en Inde, et égale à celle
de Capgemini France». Mais «ceci n’est pas forcément extrêmement durable». Et
pour que ce business dure au Maroc, «il faut monter dans la chaîne de valeur».
Selon le tableau que Yassine Brahim brosse de la situation des entreprises
vivant une expérience d’offshoring en Tunisie, ce pays présente, comme le Maroc,
des forces et des faiblesses. En effet, d’après le directeur général de GLTrade,
dont Tunis accueille le deuxième centre de R&D, après celui de Paris, la
capitale tunisienne «est et sera un des principaux centres de nearshore en TIC
pour les compagnies européennes du secteur». Cela grâce à une «forte protection
de l’investisseur» et au fait que le pays est «un très bon fournisseur de ressources humaines».
Toutefois, la Tunisie améliorer son offre au moins dans trois domaines : les
infrastructures télécom, le niveau de maîtrise de l’anglais et la possibilité
pour les entreprises étrangères de recruter un plus grand nombre d’expatriés.
Tunis et Rabat savent donc ce qu’il leur reste à faire pour consolider voir
développer leur présence sur le marché de l’offshoring, d’une façon générale, et
dans celui des TIC, en particulier.