FMI : tout juste absous, Strauss-Kahn s’affiche aux commandes

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ège du FMI à Washington (Photo : Brendan Hoffman)

[27/10/2008 05:41:42] WASHINGTON (AFP) L’octroi d’un prêt de 16,5 milliards de dollars à l’Ukraine et l’annonce d’une prochaine aide “substantielle” à la Hongrie, ont donné dimanche l’occasion au directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn de tenter de tourner la page sur l’affaire d’une liaison extra-conjugale, qui lui a valu un blâme.

Moins de 24 heures après que le doyen du Conseil d’administration du Fonds monétaire international, Shakour Shaalan, eut reproché “une grave erreur de jugement” à l’ancien ministre français, celui-ci a annoncé personnellement ces nouveaux paquets d’aide du FMI, s’affichant pleinement aux commandes de l’institution.

A vrai dire, M. Strauss-Kahn qui a été blanchi de toute accusation d’abus de pouvoir pour une liaison brève et consensuelle, avait tout fait pour minimiser l’écho rencontré par son aventure – qui a fait la Une de la presse mondiale mais n’a guère suscité d’intérêt à Washington où il habite, où toute l’attention est concentrée sur la très prochaine élection présidentielle.

L’affaire, remontant au mois de janvier, avait été révélée par le Wall Street Journal une semaine tout juste avant sa résolution, au terme d’une enquête diligentée par M. Shaalan. M. Strauss-Kahn n’y a consacré qu’une déclaration publique, en présentant lundi dernier ses excuses au personnel de l’institution qu’il dirige.

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ège du FMI à Washington, le 9 octobre 2008 (Photo : Alex Wong)

“Il est très compétent dans l’exercice de ses fonctions”, et “nous allons continuer à travailler avec lui”, a souligné M. Shaalan samedi, soulignant que la décision de l’absoudre avait été prise à l’unanimité. M. Strauss-Kahn, considéré comme l’une des personnalités européennes les plus compétentes en matière d’économie, dirige le FMI depuis septembre 2007. Son mandat expire en 2012.

Très présent depuis l’éclatement de la crise financière en septembre, on l’a vu multiplier avertissements et satisfecit, et peser sur des décisions lourdes, comme l’octroi vendredi d’un prêt de 2,1 milliards de dollars à l’Islande, premier pays d’Europe de l’ouest à bénéficier d’une telle mesure depuis le Royaume-Uni en 1976.

Il a surtout prévenu que le FMI était prêt à assouplir ses conditions, une nouvelle flexibilité à la hauteur de la gravité de la crise, “un retournement de conjoncture très important, face au choc financier le plus dangereux sur les marchés développés depuis les années 1930”.

Déjà le 17 octobre, à la veille de la révélation de sa liaison extra-conjugale, M. Strauss-Kahn avait précisé que le FMI se tenait prêt à aider plusieurs pays émergents placés au bord du gouffre par la crise des liquidités et l’effondrement des cours des matières premières. Quelques jours plus tôt, il avait lancé un appel aux pays pouvant se le permettre pour qu’ils adoptent des plans de relance budgétaire pour parer à la menace d’une récession mondiale, après avoir salué le plan d’action de la zone euro.

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ésident de la Fed Ben Bernanke, le 11 octobre 2008 à Washington (Photo : Nicholas Kamm)

Ses interventions en première ligne coïncident avec le regain de légitimité du FMI, vers lequel se tournent de nouveau des pays en difficulté, alors que l’institution était confrontée ces dernières années à la désaffection de capitales peu désireuses de se soumettre à ses conditions pour obtenir des aides.

Enfin M. Strauss-Kahn, qui plaide pour plus de régulation, voit ses options justifiées par le contexte de la crise, qui fait suite à l’éclatement d’une bulle immobilière et du crédit.

“C’est un échec de la croyance que le marché peut se réguler tout seul”, faisait valoir au début du mois celui qui fait figure de porte-drapeau de la social-démocratie, et à qui l’on prête toujours des ambitions présidentielles en France, même s’il a promis d’aller au bout de son mandat au FMI.