Les marchés dégringolent encore à l’ouverture d’une semaine cruciale

[27/10/2008 21:44:35] WASHINGTON (AFP)

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à la Bourse de New York, le 27 octobre 2008 (Photo : Spencer Platt)

Les marchés boursiers ont continué lundi à faire grise mine, face à l’ampleur de la récession qui s’annonce dans les grands pays industrialisés et en dépit de la mobilisation internationale visant à amortir le choc.

Pour l’heure, plans de sauvetage, mesures de relance, baisses de taux d’intérêt ou appels au calme, lancés par les gouvernements et grands argentiers de la planète, ne sont pas parvenus à endiguer durablement l’affolement généralisé.

Après avoir évolué en yo-yo tout au long de la séance, la Bourse de New York a terminé en repli de 2,42%, l’indice Dow Jones lâchant 203,18 points à 8.175,77 points.

“D’un côté les investisseurs s’inquiètent d’une récession mondiale, de l’autre, ils se rendent compte que beaucoup d’actions sont sous-évaluées”, expliquait Hugh Johnson, de Johnson Illington Advisors.

Entraînés par la chute de la Bourse de Tokyo, au plus bas depuis 26 ans, les marchés européens, en forte baisse à l’ouverture, ont réduit leurs pertes à la clôture: la place de Paris a perdu 3,96% et Londres 0,79%. Madrid a cédé 4,11%, Milan 3,96% et Zurich 3,07%.

Exception notable: la Bourse de Francfort a fini en hausse de 0,91%, sauvée par l’envolée inédite du cours de Volkswagen, qui a gagné plus de 146%, sur fond du rachat du groupe par le richissime Porsche.

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à la Bourse de Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Depuis son point le plus haut de l’année, le 17 mai, la capitalisation boursière mondiale a fondu de près de 28.000 milliards de dollars, soit quasiment la moitié de sa valeur.

La volatilité n’épargne pas le marché des changes: l’euro, victime des signes de faiblesse persistante de l’économie européenne, est passé sous les 1,24 dollar avant de remonter à 1,25 dollar, contre un record de 1,60 en juillet. Et le yen se retrouve au plus haut depuis 13 ans face au dollar.

Bonne nouvelle pour les exportateurs européens, selon le patronat, la baisse de l’euro profite aussi au franc suisse, au plus haut depuis cinq ans.

Soucieux de donner une nouvelle bouffée d’oxygène aux marchés, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a fait savoir qu’une nouvelle baisse des taux directeurs était “possible”, lors d’une prochaine réunion le 6 novembre.

De l’autre côté de l’Atlantique, la Réserve fédérale américaine devrait encore abaisser son taux directeur dès mercredi.

L’assouplissement monétaire est partout à l’ordre du jour: les banques centrales de Corée du sud et d’Israël ont réduit lundi leurs taux directeurs.

Signe d’un léger mieux dans l’immobilier, les ventes de logements neufs aux Etats-Unis sont reparties en hausse en septembre, de 2,7% par rapport à un très faible mois d’août.

Mais les réactions des investisseurs restent imprévisibles: “le marché est dirigé par la peur de nouvelles déceptions”, estime Benoît Peloille, stratégiste de Natixis.

Sur le plan des indicateurs comme des résultats, les marchés n’attendent pas d’amélioration avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, ce qui semble repousser d’autant la perspective d’un rebond des places boursières.

La première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre, qui sera publiée jeudi, est ainsi attendue en recul.

Dans ce contexte, les opérateurs sont restés de marbre face à un communiqué du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) qui s’est inquiété de la “volatilité excessive du yen” et s’est déclaré prêt à “coopérer” pour rétablir la stabilité sur les marchés.

La contagion de la crise financière à l’économie “réelle” se confirme, comme en témoigne la chute du climat des affaires en Allemagne à son plus bas niveau depuis mai 2003. Les gouvernements s’efforcent de faire front.

Le président français Nicolas Sarkozy doit présenter mardi une panoplie de mesures destinées à amortir les effets de la crise financière sur l’emploi.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a défendu le principe d’une hausse de la dette publique pour soutenir l’économie. Selon lui, “la responsabilité du gouvernement est d’investir maintenant pour accélérer l’activité économique”.

Une intense activité de concertation sur la crise financière est prévue dans les prochains jours en Europe.

Le président Sarkozy recevra mardi à Paris Gordon Brown, qui accueillera à son tour la chancelière allemande Angela Merkel jeudi à Londres.

Le gouvernement japonais a de son côté dévoilé un nouveau paquet de mesures anticrise, sans aucun effet sur les marchés.

Plombé par les valeurs bancaires, l’indice Nikkei a chuté de 6,36%, atteignant son plus bas niveau depuis octobre 1982, soit bien avant la bulle spéculative boursière et immobilière de la fin des années 1980. La Bourse de Hong Kong a chuté de 12,7% et Shanghai de 6,32%.

Signe du ralentissement, le prix du pétrole est tombé brièvement sous la barre des 60 dollars à Londres et a fini à 63,22 dollars à New York, bien loin de son record de 147 dollars en juillet.

Les banques continuent de se blinder contre les effets de la crise.

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à Bruxelles (Photo : Olivier Papegnies)

Le premier établissement japonais Mitsubishi UFJ Financial Group a annoncé une prochaine augmentation de capital qui pourrait atteindre 8 milliards d’euros.

En Europe, l’Etat belge va injecter 3,5 milliards d’euros pour soutenir KBC. En Allemagne, la Postbank a annoncé une augmentation de capital d’urgence d’un montant maximal d’un milliard d’euros par sa maison mère Deutsche Post.

Et les 125 milliards de dollars destinés à recapitaliser les neuf principales banques américaines seront débloqués cette semaine par le Trésor américain.

L’Islande, durement touchée par la crise, a sollicité l’aide de ses voisins lors d’une réunion extraordinaire à Helsinki des cinq pays nordiques, après avoir obtenu une aide de 2,1 milliards de dollars du Fons monétaire international (FMI).

A l’affût de tous les signes de détérioration de la conjoncture, les marchés surveillaient de près les résultats d’entreprises.

Les pays émergents ne sont plus épargnés par la tourmente. Dix pays d’Amérique latine étaient réunis lundi à Brasilia pour discuter d’actions concertées face à la crise. Leurs économies sont touchées de plein fouet par la chute des matières premières.

La Bourse de Buenos Aires, très chahutée la semaine dernière, a encore cédé 5,67% lundi.