L’Europe du Nord divisée sur la question de l’adoption de l’euro

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èces de monnaie en euros (Photo : Koen Suyk)

[27/10/2008 14:47:42] STOCKHOLM (AFP) Face à la crise qui malmène leur couronne, les pays nordiques, non membres de la zone euro, abordent la question de l’adoption à la monnaie unique en ordre dispersé, le débat semblant relancé en Islande et au Danemark contrairement à la Norvège et la Suède moins affectées.

Dans la région, seule la Finlande a adopté l’euro. La Norvège et l’Islande ne sont pas, par ailleurs, membres de l’Union européenne (UE).

Quelque 72,5% des Islandais sont favorables à l’euro, selon un sondage réalisé samedi et publié lundi dans le quotidien Frettabladid, alors que la crise financière internationale a ruiné le système bancaire jusqu’alors moteur de l’économie de l’île.

Depuis janvier, la couronne islandaise a perdu 40% de sa valeur. Un euro s’échange désormais contre 152 couronnes, suscitant l’inquiétude parmi les 320.000 habitants.

“La question de l’Europe et l’euro est directement liée à la crise. Les Islandais commencent à avoir des doutes vis-à-vis de la couronne. Ils sont de plus en plus nombreux à penser que la seule solution est dans l’action avec les autres pays et non dans l’isolement”, a expliqué à l’AFP Gunnar Haraldsson, directeur de l’Institut islandais de l’économie.

Selon lui, il s’agit probablement d’une tendance de fond, soulignant que même les pêcheurs, puissant lobby anti-UE, ont assoupli leur position, réclamant davantage de stabilité pour continuer à prospérer.

Au Danemark, où la crise touche surtout le marché de l’immobilier, le débat sur l’euro a récemment ressurgi via le Premier ministre même s’il a rejeté l’idée d’un référendum dans l’immédiat, les Danois ayant déjà voté contre l’euro en 2000.

Anders Fogh Rasmussen constatait en effet la semaine dernière “à quel point il est nuisible d’être en dehors de la zone euro lors de cette crise” même si le royaume scandinave en suit strictement les critères.

Le ministre des Finances, Lars Loekke Rasmussen (libéral), estime lui aussi que “c’est un défi d’être une petite économie ouverte en dehors de l’euro”, et le Parti socialiste du peuple (opposition), fer de lance des anti-euro, commence à discuter de l’opportunité d’adopter la monnaie unique.

En Suède et en Norvège, pays encore prospères, la crise n’a pas pour l’instant ressuscité de débat. Leurs couronnes ont respectivement perdu en un mois 9,2% et près de 7% vis-à-vis de l’euro mais les économistes soulignent que cela permet aussi de soutenir les exportations.

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édois Fredrik Reinfeldt, le 17 septembre 2008 à Stockholm (Photo : Olivier Morin)

“Je pense que par extension, il va y avoir un environnement plus favorable à l’euro (en Suède). Cela pourra être une question importante lors des prochaines élections en 2010”, a expliqué Haakan Frisén, chef économiste chez SEB.

Rejetée très largement par référendum en 2003, l’adoption de l’euro était encore une “question morte” il y a deux mois, dit-il.

Le Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt a reconnu lundi que la crise pouvait renforcer le camp du oui. Mais il a une nouvelle fois écarté la tenue d’un référendum avant la fin de son mandat en 2010.

Pour Fredrik Langdal, chercheur à l’Institut des sciences politiques de Stockholm, le débat est pour l’instant peu présent dans l’opinion car le pays est relativement épargné par la crise.

Mais, dit-il, la question pourrait être plus aiguë l’an prochain lorsque que la Suède présidera l’UE ou si le Danemark décide d’organiser un référendum. “Cela mettra alors plus de pression sur la Suède”.

Riche en hydrocarbures, la Norvège est quant à elle atypique en Europe: lorsque le pétrole est cher, son économie a besoin de taux d’intérêt élevés pour éviter une surchauffe, alors que les autres pays européens ont alors plutôt besoin de taux d’intérêt bas.

Ce conflit d’intérêts rend l’euro et la politique monétaire de la BCE peu adaptés pour le royaume, qui a déjà rejeté l’adhésion à l’UE lors de référendums en 1972 et 1994.