La crise financière internationale pourrait-elle s’étendre à la Tunisie ? La question est sur toutes les lèvres, dans notre pays, depuis que les banques internationales, et, dans leur sillage, les principales places boursières, se sont trouvées confrontées à de très grosses difficultés –qui ont emporté certaines d’entre elles. Il ne pouvait donc en être autrement lors de la première table ronde avec le gouvernement tunisien, organisée vendredi 24 octobre par l’hebdomadaire britannique «The Economist». Principal «guest
speaker» de cette manifestation, M. Mohamed Ghannouchi a tenu des propos
rassurants, du moins à court terme. Car le Premier ministre a été on ne peut
plus clair : si la crise est «une nouvelle donnée qui s’impose à tous», elle n’a
-pour l’instant- pas touché la Tunisie. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord,
indique M. Ghannouchi, le «système de titrisation est très limitée et ne dépasse
pas les 100 millions de dollars». Ensuite, il n’y a pas de risque de crise de «subprime»
en Tunisie, puisque «les prêts fonciers sont dans leur majorité à long terme, à
un taux d’intérêt fixe», et, de surcroît, ils ne représentent que 10% des
engagements bancaires.
De même, la participation étrangère à la Bourse des valeurs mobilières de
Tunis ne représente que 25% de la capitalisation boursière. Enfin, la Tunisie
gère ses placements de réserves à l’étranger de manière très prudente. En effet,
ces placements sont effectués dans des fonds souverains (bons du trésor et
autres), dans une proportion de 70% et le reste -30%- dans des banques dites
«triple A» (AAA).
Mais, «si la crise et la récession persiste, il y aura un impact», avertit le
Premier ministre. Qui termine sur une note positive : «Nous restons vigilants
pour surveiller l’évolution de la situation et prendre, le cas échéant, les
mesures qui s’imposent». Mais quelle que soit la suite des évènements, «nous
pensons avoir une marge de manœuvre pour maintenir le développement, en
améliorant la compétitivité», souligne M. Mohamed Ghannouchi.