Le nombre de permis de construire s’effondre en France : – 23% au 3e trimestre

[28/10/2008 13:51:05] PARIS (AFP)

photo_1225182237997-4-1.jpg
ût 2008 à May-sur-Orne (Calvados). (Photo : Mychèle Daniau)

Les permis de construire ont baissé de 23% au 3e trimestre, un recul qui atteste de l’ampleur de la crise dans le secteur du bâtiment où l’emploi risque de souffrir et fait craindre un nombre insuffisant de logements neufs par rapport aux besoins.

Il n’y a eu que 111.342 permis de construire délivrés entre juillet et septembre (-23,3% par rapport au 3e trimestre 2007) et que 110.329 mises en chantier (-8,1%), selon les chiffres publiés mardi par le ministère de l’Ecologie.

Un tel effondrement ne s’est pas produit en France depuis le début des années 90 et la précédente crise de l’immobilier, souligne l’institut Xerfi qui a publié une étude sur le secteur.

Et “la chute des permis de construire va continuer car les opérateurs n’ont pas confiance dans l’avenir”, prédit Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC).

Sur les douze derniers mois, le nombre de mises en chantier (385.143) est également en repli de 11,8% et le nombre de permis (468.994) reflue de 18,2%.

“Avec ces perspectives assombries, il faut s’attendre à une nette baisse des mises en chantier” en 2009, “à peine plus de 300.000”, estime Xerfi.

Pour le président de la FPC, le nombre de mises en chantier “devrait tomber assez sensiblement au-dessous de 350.000 en 2009”, contre 435.000 en 2007 et 360.000 prévues en 2008. Car, souligne-t-il, des “incertitudes” persistent sur le fait que les banques, rendues plus frileuses par la crise, distribuent ou non des crédits immobiliers à leurs clients.

Or, pour répondre à la demande de logements non satisfaite en France, il faudrait au moins 500.000 nouveaux logements par an, selon les experts.

“Il faut que la Banque centrale européenne baisse ses taux. C’est la condition indispensable à l’arrêt de la dégradation de la situation”, affirme Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université de Paris X-Nanterre.

Le ministère du Logement a reconnu mardi que “les chiffres de la construction de logements à la fin septembre montrent une nette dégradation de l’activité”, tout en faisant valoir qu’ils restaient “à des niveaux historiquement élevés”.

La ministre Christine Boutin compte, pour inverser la tendance, sur le programme de soutien au secteur annoncé le 1er octobre par le président Nicolas Sarkozy. Notamment sur le programme d’acquisition auprès des promoteurs privés de 30.000 logements qui n’ont pas trouvé acquéreurs.

“Le bâtiment va énormément souffrir dans les mois qui viennent et 2009 et 2010 vont être des années très compliquées”, juge pour sa part le président de la Capeb (petites entreprises du bâtiment), Jean Lardin. “Je crains qu’au premier trimestre 2009, nous soyons à zéro” offre d’emploi non satisfaite, dit-il, estimant que les petites entreprises pourraient alors “envisager de dégraisser”, ce qui serait “tout à fait nouveau”.

Déjà, la crise affecte les principaux promoteurs privés. Ainsi Alain Dinin, PDG de Nexity, le numéro un du secteur en France, a annoncé début octobre la suppression de 500 emplois dans son entreprise.

De même Kaufman & Broad France, confronté à une baisse de 10% de son chiffre d’affaires en 2008, a mis en place dernièrement un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE, plan social) prévoyant 166 suppressions de postes sur un total de 811.