Habib Ben Yahia, le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe ‘’UMA’’, a
annoncé le 26 octobre à Alger que des gouverneurs de banques et experts
financiers maghrébins se réuniront du 15 au 18 novembre prochain, à Tripoli.
Objectif affiché : «examiner la situation suite à la crise financière mondiale
et débattre des voies susceptibles de réduire ses effets sur les cinq pays de la
région». Ben Yahia a de plus appelé les acteurs de l’économie maghrébine à
développer «une compétitivité capable de relever le défi face aux grandes
entreprises mondiales». Des déclarations largement répercutées notamment par les
journaux algériens, alors que les institutions de l’UMA marquent le pas, dans le
contexte délétère de la crise financière internationale.
A noter que les pays du Maghreb sont diversement touchés par la crise. La baisse
des cours du pétrole, passés de plus de 147 dollars le baril à la mi-juillet
contre 62 dollars (au 24 octobre 2008) pourraient induire une baisse des revenus
de la Libye. Principalement liée à ses ressources gazières, l’Algérie pourrait,
elle, aussi, faire face à quelques difficultés. La Tunisie et le Maroc ayant
diversifié leur économie, sont a priori mieux lotis. Même si, selon une étude
réalisée par le Centre marocain de conjoncture, le Maroc pourrait perdre 1,5 à 2
points de croissance pour l’année 2008.
Côté tunisien, les responsables se veulent rassurants. Le gouverneur de notre
Banque centrale rappelant à qui veut l’entendre les multiples raisons pour
lesquelles la Tunisie est à l’abri de la crise financière internationale. Parce
que les facteurs à l’origine du krach «ne sont pas présents» dans notre pays.
Les soubresauts du marché boursier tunisien en ce 6 et du 8 octobre ne
s’expliquant pas par des «raisons objectives».
La Mauritanie, elle, engoncée dans sa crise politique d’après putsch, est
davantage préoccupée par des questions d’ordre sécuritaire. La crise financière
internationale n’étant pas ce qui lui arrive de pire.
Au final, à l’exception notable du duo Tunisie-Maroc, les Etats du Maghreb
présentent des visages très différents, des allures disparates.
Mais alors, pourquoi cette réunion ? Sans doute pour des raisons préventives. Et
puis ce sera peut-être l’occasion pour les responsables financiers maghrébins de
se retrouver au plus haut niveau, pour se concerter. Les institutions
financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale n’ont de
cesse de rappeler la complémentarité des marchés de l’UMA. Et puis la convention
maghrébine de libre-échange est censée voir le jour en 2009. Autant dire dans
quelques jours. Alors que les marchés maghrébins n’ont pas l’air d’appréhender
cet événement avec beaucoup de conviction. Désabusés ? Toujours est-il que Habib
Ben Yahia réaffirme que «la volonté de redynamiser l’UMA (Algérie, Maroc,
Tunisie, Libye et Mauritanie) existe chez les dirigeants en dépit de certaines
difficultés qui trouveront, espérons-le, leur voie vers le règlement». Et après
tout, c’est bien d’espoir que vit encore l’UMA.