L’impact de la crise financière s’étend dans le Golfe

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à la Bourse de Koweït (Photo : Yasser al-Zayyat)

[28/10/2008 14:35:24] KOWEIT (AFP) Le patron de la deuxième banque du Koweït a démissionné mardi, devenant la première victime directe dans la région des retombées de la crise financière internationale qui déprime les marchés boursiers des riches monarchies pétrolières du Golfe.

L’annonce de la démission du président de la Gulf Bank, première banque d’un pays du Golfe à avoir subi des pertes en raison de la crise financière, confirme que même ces pays ne sont pas à l’abri, malgré les énormes revenus que leur procurent leurs exportations de brut.

L’évènement est survenu sur fond de nouvelle baisse de la Bourse de Koweït, le deuxième marché financier arabe en terme de capitalisation.

Le Conseil d’administration de la Gulf Bank a accepté la démission de Bassem al-Ghanem et a décidé de nommer à sa place son frère, Qutaiba al-Ghanem.

La Banque centrale de Koweït avait annoncé dimanche que la Gulf Bank avait subi des pertes, dont elle n’a pas précisé le montant, en raison de transactions sur des produits dérivés en euros pour le compte de certains de ses clients.

Elle a déjà nommé un contrôleur pour cette banque, dont la cotation en Bourse est suspendue depuis dimanche.

Les difficultés de la Gulf Bank ont amené le gouvernement koweïtien à s’engager à garantir les dépôts dans les banques nationales.

Le gouvernement a approuvé un projet de loi dans ce sens, a annoncé mardi le ministre des Finances, Mustafa al-Chamali.

“Le Conseil des ministres a approuvé le projet de loi garantissant les dépôts bancaires et il sera soumis au Parlement pour être adopté”, a-t-il dit.

Il n’a pas précisé quand le texte serait débattu par le Parlement, formé de 50 députés élus et des 15 ministres, membres de droit de l’assemblée.

Le gouverneur de la Banque centrale, cheikh Salem Abdel Aziz Al-Sabah, avait assuré lundi qu’aucune autre banque locale n’était en difficulté et que les pertes de la Gulf Bank n’affecteraient pas ses activités.

Le Koweït compte sept banques commerciales et trois banques islamiques. Leurs dépôts cumulés s’élevaient fin septembre à 22 milliards de dinars (82 milliards de dollars).

Pour sa part, la Bourse de Koweït (KSE) a fini la journée mardi sur une nouvelle baisse et de nouvelles protestations de la part d’opérateurs, qui estiment que les mesures de soutien annoncées par le gouvernement ne sont pas suffisantes.

L’indice de la KSE a cédé 2,1% à 9.685,30 points, le secteur des banques perdant 1,7% et celui des investissements 1,5%.

La Bourse de Koweït est restée insensible à des informations de presse sur la création d’un fonds gouvernemental de 1,5 milliard de dinars (5,6 mds de dollars) pour aider les firmes d’investissement à faire face à leurs dettes à l’étranger.

En Arabie saoudite, le marché a rebondi, gagnant 5,3% mardi après avoir cédé plus de 13% ces trois derniers jours, soutenu par la pétrochimie, qui a progressé de 6,7%, le géant de ce secteur, SABIC, ayant gagné 7,1%.

Cette hausse a suivi des assurances du chef de la Banque centrale saoudienne, Hamad al-Sayari, sur la solidité du secteur bancaire et l’absence de problèmes de liquidités.

Il a attribué la baisse du marché à des “facteurs psychologiques et à la peur que suscite la crise internationale”.

Le gouverneur du “Dubai International Finance Centre” (DIFC), Omar ben Suleiman, a abondé dans le même sens.

“Les investisseurs sont mus par des sentiments négatifs, mais la réalité n’est pas négative et c’est pour ça qu’on doit prendre en compte la réalité et non les sentiments”, a-t-il déclaré à la presse à Dubaï.

“Nous n’avons pas de problème dans la région. Nous devons donc regarder le côté positif des choses (…) Pourquoi regarder le côté négatif”, a-t-il demandé.

Après des pertes initiales, la Bourse de Dubaï a fini dans le vert à 0,32%, tandis que celle d’Abou Dhabi perdait 1,4%.

La place du Qatar a cédé 4,25% et celle de Bahreïn 1,1% alors que le petit marché omanais glissait de 0,73%.