[28/10/2008 17:36:40] WASHINGTON (AFP)
éricain est déployé sur la façade de la Bourse de New York, le 23 avril 2007 (Photo : Stan Honda) |
La déprime s’est emparée des consommateurs américains, qui s’inquiètent pour leur emploi et leur pouvoir d’achat, et dont le moral est tombé en octobre à un plus bas depuis plus de vingt ans.
La confiance des consommateurs américains s’est effondrée en octobre à 38,0 points, après 61,4 points en septembre, un niveau jamais vu depuis la création en 1985 de cet indice, a annoncé mardi le Conference Board, l’institut de conjoncture privé qui le compile.
Il y a exactement un an, peu après le début de la crise sur le marché des crédits hypothécaires, l’indice était à 80 points.
“Il n’y a pas de doute, ces chiffres sont extraordinairement mauvais”, a commenté Ian Shepherdson, économiste de High Frequency Economics.
“L’impact de la crise financière sur les dernières semaines a eu clairement un effet dévastateur sur la confiance des consommateurs. La baisse de l’indice (-23,4 points) est la troisième plus forte dans son histoire”, a relevé le Conference Board.
Les chiffres de septembre avaient surpris par leur vigueur, avec un troisième mois consécutif d’amélioration (59,8 points, contre 58,5 en août). Les analystes n’avaient prévu qu’un léger repli pour octobre, à 52 points.
Mais les ménages ont fini par être gagnés par la morosité ambiante: au moment où ils étaient interrogés, pendant la troisième semaine d’octobre, les indices boursiers venaient de connaître des plongeons historiques. Les banques avaient cesser de prêter, avec un impact immédiat sur la consommation dans un pays où, par exemple, plus de 90% des voitures sont vendues à crédit.
“Les consommateurs sont extrêmement pessimistes, et une proportion significativement plus grande que le mois dernier prévoit des conditions qui vont empirer pour les entreprises et l’emploi”, a commenté l’institut.
Pour les six mois à venir, 41,5% des consommateurs prévoient une baisse du nombre d’offres d’emplois alors qu’ils n’étaient que 26,9% à être aussi pessimistes en septembre. Les consommateurs prédisent également, à 36,6% (contre 21% en septembre), une détérioration de la situation des entreprises et une baisse de leurs revenus pour 19,7% d’entre eux (13,9% en septembre).
Si les attentes des consommateurs américains pour les six mois à venir devaient rester aussi faibles qu’en octobre (35,5), “cela pourrait se traduire par une baisse de la consommation d’environ 3,5% en rythme annuel, pire que ce que nous avons prévu (-3%) pour le troisième trimestre”, selon M. Shepherdson.
John Ryding, de RDQEconomics, s’inquiète des indications venant du marché du travail, avec un accroissement du nombre de personnes disant avoir du mal à trouver un emploi (37,2% contre 32,2%), le “pire niveau depuis 1993”.
“Le marché de l’emploi s’est clairement détérioré en octobre, en raison de la restriction des crédits aux entreprises et consommateurs, selon lui.
Selon M. Ryding, les Etats-Unis devraient prochainement entrer officiellement en récession et les chiffres pour l’emploi attendus la semaine prochaine devraient révéler “une perte d’environ 200.000 emplois” en octobre et “une nouvelle hausse du taux de chômage” (6,1% fin septembre).
L’économiste Joel Naroff a souligné que, compte tenu de l’approche de la saison des achats de Noël, les ménages vont garder les cordons de la bourse serrés. “Il est donc probable que l’on assiste à une croissance négative pas seulement au troisième mais aussi au quatrième trimestre et peut-être au premier de 2009”.
Un peu à contre-courant, Stephen Gallagher de Société Générale a estimé que les consommateurs bénéficieront d’une amélioration de leur pouvoir d’achat, grâce à la chute des prix énergétiques et d’autres marchandises. Cela devrait soutenir la consommation “au quatrième trimestre et début 2009”, selon lui.