L’action Volkswagen dépasse le seuil magique de 1.000 euros, les fonds paniquent

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à la Bourse de Francfort (Photo : Thomas Lohnes)

[28/10/2008 17:26:09] FRANCFORT (AFP) L’action Volkswagen a dépassé mardi les 1.000 euros à la Bourse de Francfort sur des achats de panique des spéculateurs, le titre étant devenu denrée rare depuis que le constructeur de bolides Porsche s’est assuré près des trois quarts du capital.

Mardi, la valeur a grimpé jusqu’à 1.005,01 euros, près du double de la veille (520 euros), quand elle avait déjà affiché un bond de plus de 146%.

A la clôture, l’action ordinaire, qui pèse environ 17% à elle seule de l’indice vedette DAX, a finalement affiché une progression de “seulement” 81,73% à 945 euros, le soufflé étant un peu retombé.

Mais le DAX a grâce à elle bondi de plus de 11% en clôture. Et Volkswagen est devenue la deuxième entreprise mondiale en terme de capitalisation, avec quelque 356 milliards d’euros, derrière Exxon.Mobil (429 milliards d’euros environ).

Ce feu d’artifice de l’action attire certes l’attention du gendarme de la Bourse BaFin, qui continue “à examiner” les données concernant les échanges du titre, a précisé mardi une porte-parole. Il s’agit de déterminer si des transactions délictueuses ont pu être réalisées.

“Quant à savoir si une enquête formelle sera lancée, il est trop tôt pour le dire et la décision n’est pas attendue pour cette semaine”, a indiqué la porte-parole à l’AFP.

Les mouvements erratiques de l’action ne datent pas d’hier. Elle avait accéléré son envolée au moment même où les marchés boursiers s’effondraient, mi septembre, après la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, laissant les experts dubitatifs.

Une chose est à peu près sûre: cette course à contre-courant est liée à la prise de contrôle en cours par Porsche. L’annonce faite dimanche par ce dernier qu’il s’était assuré le contrôle de 74,1% du capital de sa cible a déclenché la folie de ces deux derniers jours.

Porsche avait pourtant assuré s’être décidé à communiquer sur la hauteur de sa participation pour donner l’occasion aux vendeurs à perte — investisseurs qui ont parié sur une baisse du titre et qui étaient apparemment nombreux à spéculer sur l’action Volkswagen — de dénouer leurs positions “dans le calme et sans trop de risque”.

Ce qu’ils ont fait, mais dans la panique. Et le procédé suscite les critiques: tout cela “a manqué de transparence”, il y a eu “une montée en douce de Porsche, les seuls à avoir toutes les cartes en mains”, réagi Henning Gebhardt, chef du département actions allemandes de DWS, société gestionnaire de fonds de Deutsche Bank, interrogé sur la télévision ntv.

Selon lui “la Bourse doit intervenir”, par exemple en retirant VW de la cote. Mais Deutsche Börse n’y songe pas: “Dans le cas de Volkswagen, il n’y a rien de contraire aux règles du marché, donc aucune raison de le retirer de la cotation”, assure un porte-parole.

Porsche “observe calmement” les mouvements du cours, qui ne remettent pas en cause le déroulement de sa prise de contrôle de VW, indique de son côté un porte-parole, ajoutant que le groupe n’est pas “actif” sur le marché.

La montée de l’entreprise de Stuttgart (sud-ouest) au capital de VW réduit le flottant -le capital coté en bourse- de celui-ci à quelque 6%, l’Etat régional de Basse-Saxe (nord) détenant une part d’environ 20%.

Les fonds d’investissements qui ont spéculé à court terme sur le titre ont du coup une marge de manoeuvre très limitée pour couvrir leur position. “C’est ce qu’ils font maintenant, et à n’importe quel prix”, explique Christian Aust, économiste chez Unicredit.