à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[29/10/2008 09:26:49] TOKYO (AFP) La Bourse de Tokyo s’est envolée de 7,74%, après des informations prêtant à la Banque du Japon (BoJ) l’intention d’abaisser son taux directeur pour brider la hausse du yen et donner de l’oxygène aux banques.
Selon le quotidien Nikkei et la télévision publique NHK, le gouverneur de la BoJ Masaaki Shirakawa envisage de proposer une baisse du loyer de l’argent d’un quart de point, à 0,25%, lors de la réunion de politique monétaire de vendredi.
Ce serait la première baisse de taux au Japon depuis mars 2001, quand ils avaient été ramenés à zéro pour combattre la déflation qui sévissait alors.
Les analystes ont immédiatement donné crédit à cette information, les fuites au Nikkei et à la NHK étant un moyen habituel pour la banque centrale de sonder les marchés avant d’annoncer des décisions importantes.
Sur le marché des changes, le dollar s’est fortement apprécié tôt mercredi matin en Asie, frôlant même le seuil des 100 yens avant de repartir à la baisse dans la journée.
à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
A la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei est revenu largement au dessus des 8.000 points après un bond de 7,74%, également stimulé par la hausse historique de la veille à Wall Street et par les chasseurs de bonnes affaires. “Une baisse des taux aurait deux objectifs. L’un serait de soulager les pressions à la hausse sur le yen. L’autre serait de réduire les coûts de financement des banques, qui souffrent d’une détérioration de leur rentabilité”, explique Hiromichi Shirakawa, économiste au Crédit Suisse.
Peu exposées aux effets directs de la crise financière, les banques japonaises sont tout de même victimes de la dégringolade de la valeur de leurs portefeuilles d’actions et d’un ralentissement général de leur activité.
La troisième d’entre elles, Sumitomo Mitsui Financial Group, a ainsi drastiquement sabré mercredi ses prévisions de bénéfices pour l’exercice 2008-2009. Lundi, la “méga banque” Mitsubishi UFJ Financial Group, qui a récemment acheté 21% de Morgan Stanley, avait annoncé une augmentation de capital de 8 milliards d’euros, faisant s’effondrer son cours de bourse.
Le 8 octobre, quand les principales banques centrales mondiales avaient annoncé un assouplissement concerté de leurs politiques monétaires, la Banque du Japon était restée à l’écart, arguant du niveau déjà extrêmement faible de son propre taux directeur fixé à 0,50% depuis février 2007.
Beaucoup s’interrogent d’ailleurs sur l’efficacité d’une baisse des taux de seulement un quart de point, autrement que pour le symbole.
Les taux japonais “sont clairement bridés en tant qu’instrument traditionnel de politique monétaire par leur niveau anormalement bas”, explique Glen Maguire, de la Société Générale. Mais “certains ont suggéré qu’une baisse des taux montrerait que la Banque du Japon est un bon citoyen du monde, qui participe aux efforts pour maîtriser la tempête financière”, poursuit-il.
“Agir est toujours mieux que de ne rien faire”, ajoute M. Shirakawa.
Pour Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities à Tokyo, une baisse des taux “aurait un effet limité, sauf si elle est accompagnée d’autres actions” comme une promesse de la BoJ de ne pas resserrer le loyer de l’argent tant que l’inflation n’aura pas véritablement redécollé.
Toutefois, selon le Nikkei, la banque centrale japonaise prendra sa décision définitive après avoir étudié les conditions de marché d’ici vendredi, et les analystes mettent en garde contre une éventuelle douche froide.
L’euphorie des marchés “implique la possibilité d’une réaction brutalement négative si la BoJ s’abstient finalement de baisser son taux”, ont prévenu les analystes de Barclays Capital dans une note à leurs clients.