[29/10/2008 00:07:34] WASHINGTON (AFP)
ésident de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke le 20 octobre 2008 à Washington (Photo : Tim Sloan) |
La Réserve fédérale américaine a entamé mardi une réunion de deux jours à l’issue de laquelle elle devrait très probablement abaisser son taux directeur, actuellement fixé à 1,5%, pour aider l’économie américaine à sortir de la crise et stabiliser les marchés.
Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale s’est réuni au siège de la Fed à Washington vers 14H00 heure locale (18H00 GMT), a indiqué un porte-parole de l’institution.
La session doit reprendre mercredi matin, et le communiqué final de la rencontre devrait être publié vers 14H15 (18H15 GMT).
La Fed a abaissé son taux directeur de 0,5 point, à 1,5%, le 7 octobre dans le cadre d’une action concertée de six banques centrales.
Cette baisse décidée en dehors des réunions ordinaires du FOMC est la huitième aux Etats-Unis depuis le début de la crise déclenchée par l’effondrement du marché des crédits immobiliers à risque à l’été 2007.
Depuis dix ans, la Fed a toujours confirmé une baisse des taux décidée de manière extraordinaire en la prolongeant lors de sa réunion ordinaire suivante. Le dernier exemple en date remonte à janvier 2008: le FOMC avait abaissé son taux de 0,75 point le 22 janvier, puis de nouveau de 0,50 point le 30.
Le taux directeur de la Fed est en fait un objectif de taux pour l’argent que se prêtent mutuellement les banques commerciales pour de très courtes durées. La banque centrale intervient quotidiennement sur ce marché pour équilibrer l’offre et la demande autour du niveau de taux qu’elle a fixé.
Or depuis le 10 octobre, le taux des fonds fédéraux a varié entre 0,6% et 1,10%, soit bien en-deçà de l’objectif officiel de 1,5%.
Tout porte donc à croire que la Fed va de nouveau baisser ses taux pour accorder sa ligne politique avec sa pratique, d’autant plus que la situation économique des Etats-Unis va de mal en pis.
La décision de la Fed pourrait être influencée par la première estimation du taux de croissance pour le troisième trimestre, qui doit être publiée jeudi, mais dont les membres du FOMC devraient avoir connaissance au moment de leur réunion. Les analystes tablent en moyenne sur un recul du PIB de 0,5% en rythme annuel entre juillet et septembre.
La question est donc de savoir quelle sera l’ampleur de la baisse, mais le marché parie globalement sur une baisse de 0,5 point, qui ramènerait le taux directeur à 1,0%, un niveau historiquement bas expérimenté de juin 2003 à juin 2004.
Joseph LaVorgna, économiste de Deutsche Bank, mise ainsi sur une baisse de 0,50 point “vu la tactique destinée à +frapper et impressionner+ (référence à la guerre d’Irak, NDLR) que la Fed et le Trésor semblent avoir récemment adoptée”.
Après la publication mardi matin de l’indice de confiance des consommateurs américains du Conference Board, tombé en août à son plus bas niveau, l’économiste indépendant Joel Naroff table lui aussi sur une baisse de 0,5 point.
“Les membres de la Fed savent qu’une baisse de taux ne changera pas grand chose, écrit-il, mais la seule chose qui compte maintenant, c’est de créer la confiance” pour soutenir l’économie et stabiliser les marchés.
Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, se plaît effectivement à dire que le métier de banquier central ressort parfois davantage à la psychologie qu’à l’économie, notamment parce que, comme le disait encore récemment un des membres du FOMC, une baisse de taux ne se fait généralement pas sentir avant neuf mois.
Dans le cas actuel, une baisse de 0,5 point aurait l’avantage d’envoyer un message “psychologique” fort tout en préparant l’avenir puisque, comme l’a laissé entendre M. Bernanke la semaine dernière, dans neuf mois, l’économie américaine devrait tout juste commencer à se stabiliser.