[29/10/2008 16:20:58] BUDAPEST (AFP)
à Budapest (Photo : Attila Kisbenedek) |
La Hongrie, frappée de plein fouet par la crise financière internationale, a été placée sous perfusion par l’Union européenne et les institutions financières internationales et devra mettre en oeuvre un budget d’austérité avec une réduction du train de vie de l’Etat.
Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé mardi à la Hongrie 12,5 milliards d’euros de prêts, suivi par l’UE qui a débloqué 6,5 milliards d’euros et la Banque mondiale avec un milliard d’euros.
Auparavant, la Banque centrale européenne (BCE) avait promis à la mi-octobre un prêt de 5 milliards d’euros à Budapest pour l’aider à surmonter ses problèmes de liquidités des banques. Ce prêt a été le premier dans l’histoire de la BCE attribué à un pays non membre de la zone euro.
La perfusion financière intervient après le plongeon de la devise magyare de 20% par rapport à l’euro en octobre, tombée samedi à 285 forints pour un euro, et la dégringolade de la Bourse de Budapest dont l’indice BUX a perdu plus de la moitié de sa valeur.
énéral du FMI, Dominique Strauss-Kahn (d), et le N°2 de l’institution, John Lipsky, le 9 octobre 2008 à Washington (Photo : Alex Wong) |
Mercredi, le forint est remonté à 255,61 forints pour un euro et le BUX s’est nettement raffermi gagnant plus de 11% après l’annonce des aides massives des institutions internationales.
Dès mardi, le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany, à la tête d’un gouvernement minoritaire, avait souligné qu’il voulait “écarter le risque de la banqueroute de l’Etat même sous le pire scénario d’évolution de la crise financière” internationale. Il devait préciser les mesures qu’il entendait prendre dans la soirée à la télévision.
Un premier plan d’austérité lancé par le Premier ministre avait permis de ramener le déficit budgétaire de 9,2% du PIB en 2006 à 5% en 2007 et le gouvernement prévoit 2,6% pour 2009.
Les banques commerciales se sont réjouies mercredi du soutien international: “Le processus de rattrapage de la région se poursuivra, cela prévaut pour la Hongrie aussi qui a déjà prouvé dans le passé qu’elle est capable de surmonter les défis d’un environnement négatif”, a annoncé dans un communiqué Herbert Stepic, PDG de Raiffeisen International, banque autrichienne présente en Hongrie depuis 1986.
Son homologue du groupe autrichien Erste Bank, Andreas Treichl, a souligné que “l’ambiance négative entourant la région et surtout la Hongrie ne reflétait pas l’énorme potentiel de croissance des économies réelles”.
Pour l’analyste de la banque K&H György Barcza, “outre une démonstration de solidarité au sein de l’UE, les prêts pour la Hongrie signifient que les institutions financières ne laisseraient en aucun cas se développer un scénario de dominos” dans la région.
Selon lui, le prêt du FMI et celui de la BCE suffisent à financer l’échéance à court terme de la dette extérieure du pays (32 milliards d’euros) alors que l’endettement public total est de plus de 60% du Produit intérieur brut (PIB). “80% des banques hongroises sont des filiales de banques allemandes et autrichiennes et elles ne peuvent se permettre que la crise se propagent aux maisons-mères”, a-t-il ajouté.
Dès mardi, Ferenc Gyurcsany avait annoncé une récession probable de l’économie, envisageant même un recul de 1% de la croissance en 2009, et suggéré une première série d’économies. Il a ainsi évoqué pour 2009 le gel des salaires et le non-versement du 13e mois dans la fonction publique ainsi que le non-paiement des bonus annuels des dirigeants des entreprises publiques. Une réforme fiscale ainsi que celle des retraites sont également envisagées.
“Le gouvernement s’efforce de protéger jusqu’à sa dernière goutte de sang la position des retraités”, qui ne perçoivent en moyenne que 55.000 forints/mois soit 215 euros, selon le Premier ministre. Il a toutefois proposé que le 13è mois de retraite ne soit payé qu’aux plus de 62 ans et limité à 80.000 forints (312 euros).
Les syndicats voient dans ce plan d’austérité “une rupture du pacte social” en vigueur pour 2008 et ont réclamé des négociations “urgentes” avec le gouvernement.