En pleine crise bancaire, un riche Français lance une banque en Pologne

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ésident du directoire de la nouvelle banque Alior et Hélène Zaleski, présidente du conseil de surveillance, le 29 octobre 2008 à Varsovie (Photo : Janek Skarzynski)

[29/10/2008 16:38:01] VARSOVIE (AFP) En plein tourmente sur les marchés financiers mondiaux, un milliardaire français d’origine polonaise, Romain Zaleski, a décidé de lancer le 17 novembre en Pologne une nouvelle banque ultramoderne, créée de toute pièces, où il a déjà investi 425 millions d’euros.

“Je dirais de façon perfide que les temps sont bons pour ouvrir une nouvelle banque. Les perspectives d’une récession sont assez faibles en Pologne”, affirme avec un certain goût du paradoxe Wojciech Sobieraj, le président du directoire de la nouvelle banque, baptisée Alior.

Ancien vice-président de la banque polonaise BPH, reprise par l’italien UniCredit, Wojciech Sobieraj a imaginé il y a deux ans de créer un “établissement bancaire du XXIe siècle”. Il réussit à convaincre Romain Zaleski, une des premières fortunes françaises, pourtant réputé sur son exigence en affaires.

“Nous avions envisagé d’investir dans le secteur bancaire et le projet de Wojciech Sobieraj nous a plu”, explique à l’AFP Hélène Zaleski, fille de Romain et maintenant présidente du conseil de surveillance d’Alior.

L’affaire est d’autant plus facile que Mme Zaleski connaît déjà la patrie de ses grands-parents pour y avoir travaillé dans le secteur des assurances dans les années 1990.

Elle parle le polonais couramment avec un petit accent français. Ces dernières années, elle a été progressivement associée à la gestion du groupe familial, Carlo Tassara International.

Son père, un ingénieur et financier a fait fortune dans la sidérurgie et l’énergie dans des opérations en France et en Italie. Aujourd’hui, son groupe possède des participations significatives dans les groupes français –EDF ou Vinci– et italiens –Intesa Sanpaolo, Edison ou Generali.

Cheveux longs, 42 ans, M. Sobieraj a une vision bien précise de ce que doit être une banque moderne, destinée à la nouvelle classe moyenne polonaise, aisée, cultivée et exigeante.

Exit les documents en papier, là où la loi l’autorise: la signature est enregistrée sur un écran tactile. Les taux d’intérêts sont négociés en ligne et les opérations sont confirmées par SMS. Toutes les opérations sur cartes de crédit donnent droit à des miles sur toutes les compagnies aériennes du monde.

Chaque vendredi, la direction discutera avec ses clients sur un blog. Avant le lancement officiel, déjà 20.000 personnes ont déjà fait leurs suggestions dans une opération baptisée “Construis une nouvelle banque avec nous”.

Démarré en septembre 2007, le projet a été bouclé en un temps record d’un peu plus d’un an. A l’époque, la crise immobilière aux Etats-Unis ne menaçait pas encore de se propager dans le monde entier. Mais le chaos financier n’inquiète pas les dirigeants d’Alior, d’autant que la Pologne est restée jusqu’à présent épargnée.

“Il y a toujours une place pour une grande banque en Pologne”, estime Mme Zaleski. “Il y a beaucoup moins d’agences par tête d’habitant qu’en Europe occidentale, et beaucoup moins de liquidités sont placées dans les banques”, ajoute-t-elle.

“Le fait d’être nouveau sur le marché est également un atout. Nous n’avons pas d’actifs nocifs ou des crédits à des marges très faibles qu’il faudra gérer encore pendant des années. C’est un bon moment pour démarrer”, estime pour sa part M. Sobieraj.

Alior Bank disposera dans un premier temps de 80 agences dans tout le pays, pour en disposer d’environ 200 d’ici 2012. Environ 400 filiales franchisées doivent être également ouvertes d’ici cette date.

La banque qui a déjà embauché 1.300 personnes, compte en employer à terme 3.300. A terme, la banque espère attirer un million de personnes et gagner 2% du marché des clients individuels et 4% du marché des sociétés d’ici 2012.