Le taux de rémunération du Livret A pourrait baisser début février

[29/10/2008 17:18:00] PARIS (AFP)

photo_1225290903283-1-1.jpg
Un livret A (Photo : Mychèle Daniau)

Produit d’épargne chéri des Français, le Livret A, dont le montant des dépôts atteint actuellement des niveaux record, pourrait voir son taux de rémunération baisser le 1er février si le ralentissement de l’inflation et la baisse des taux d’intérêt se confirment.

Commentant une information parue mercredi dans la Tribune, Augustin de Romanet, le directeur général de la Caisse des dépôts, qui centralise les dépôts du Livret A, a estimé qu’une baisse du taux de rémunération était “probable”.

Le taux d’intérêt annuel du Livret A se situe à 4% depuis le 1er août, son plus haut niveau depuis 1996.

Ce taux, qui fait l’objet d’un examen systématique chaque semestre par Bercy, est susceptible d’être modifié deux fois par an, le 1er février et le 1er août.

Pour prendre en compte l’accélération de l’inflation, le gouvernement a modifié, en janvier, son mode de calcul. Il s’appuie désormais sur une combinaison entre le taux d’intérêt appliqué aux prêts entre banques et la hausse des prix.

S’il était rééxaminé aujourd’hui, le taux du Livret A resterait fixé à 4%, selon un calcul effectué par l’AFP.

Mais les anticipations de baisse se fondent sur le ralentissement de l’inflation en France qui, après avoir atteint un sommet à 3,6% sur un an en juin et juillet, est redescendue à 3% en septembre.

Selon les dernières prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l’inflation pourrait même repasser sous la barre des 2% en 2009, en raison notamment de la décrue du pétrole.

“Si ce que disent les augures est exact, la probabilité, c’est que l’inflation soit entre 1,8% et 2%”, a expliqué M. de Romanet. “L’application mécanique des règles de calcul pourrait conduire à un taux compris entre 3% et 3,5%”.

Outre l’inflation, la rémunération du Livret A pourrait être affectée par la baisse du taux d’intérêt sur les prêts entre banques, qui a beaucoup diminué après l’annonce d’un plan de soutien au secteur.

Le ministère de l’Economie a reconnu mercredi que si l’inflation et les taux d’intérêt continuent leur décrue, “il est probable qu’il y aura une évolution”.

Mais Bercy est néanmoins resté très prudent car “les gens sérieux se gardent bien de donner des chiffres”. “Compte tenu de la conjoncture”, il est trop tôt pour dire si le taux va effectivement baisser, a renchéri le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

Même si elle n’est encore qu’hypothétique et ne relève pas d’une décision gouvernementale mais d’un calcul, la perspective d’une baisse du taux du Livret A a été jugée “inopportune économiquement et choquante socialement” par le premier secrétaire du PS François Hollande.

“L’Etat est-il généreux avec les banquiers qui nous précipitent dans la crise et rigoureux avec les petits épargnants?”, s’est également indignée l’association d’épargnants “SOS petits porteurs”.

Porté par son taux actuel de 4%, mais surtout par son image de produit d’épargne sûr en cette période de crise, le Livret A devrait réaliser une année record en termes de dépôts.

Selon M. de Romanet, la collecte devrait ainsi atteindre environ 15 milliards d’euros, six fois plus qu’en 2007.

Le montant des fonds déposés sur le Livret A a déjà nettement dépassé 130 milliards d’euros.

Malgré l’éventuelle baisse de son taux, son succès ne devrait pas se démentir. D’autant que la distribution du Livret A, jusqu’ici commercialisé exclusivement par la Banque postale et la Caisse d’Epargne, sera élargie à l’ensemble des réseaux bancaires français à compter du 1er janvier.