La folie du cours de Volkswagen menace de discréditer la place financière allemande

[29/10/2008 16:22:46] FRANCFORT (AFP)

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à la Bourse de Francfort (Photo : Thomas Lohnes)

Après deux jours de folle envolée, le cours de Volkswagen chutait lourdement mercredi à Francfort en plombant l’ensemble de l’indice vedette DAX, une histoire “absurde” qui menace de ternir l’image de la place financière allemande.

Partout en Europe et en Asie, les marchés boursiers relevaient la tête, à l’image de Wall Street mardi, nourris par l’espoir d’une baisse des taux directeurs de la Réserve Fédérale américaine pour donner un coup de pouce à l’économie.

Partout sauf à Francfort où le DAX baissait de 1,59% à 13H00 GMT, après avoir ouvert sur une chute de 7,53%. Toutes les valeurs grimpaient, sauf une: Volkswagen. Et la chute du titre VW, de plus de 40%, expliquait à elle seule cette piètre performance. Mardi, VW avait pris plus de 80% et permis au DAX de finir sur un gain de 11%.

“Ce qui ce passe avec l’action VW est épouvantable”, a estimé Jörg Schneider, directeur financier du Réassureur Munich Re, dans un entretien au Financial Times Deutschland, qui a qualifié comme de nombreux observateurs “d’absurdes” ces grands écarts. “C’est du poison pour les marchés”, a-t-il ajouté.

La presse allemande et les analystes s’inquiétaient de la réputation de la place financière allemande.

“L’image et la confiance dans les échanges boursiers et le DAX, qui s’est établi comme une référence au niveau international, vont subir d’autres dommages si rien ne se passe”, écrivait notamment le Börsen-Zeitung, proche des milieux bancaires, dans un éditorial.

En deux jours, l’action a littéralement explosé, faisant plus que quadrupler sa valeur pour terminer mardi à 945 euros, après avoir dépassé brièvement les 1.000 euros. A l’origine de ce mouvement inédit: des fonds d’investissement, qui avaient parié sur la baisse du titre se sont arraché les actions VW encore disponibles pour “couvrir” leurs positions, c’est-à-dire limiter leurs pertes.

Après l’annonce dimanche par Porsche qu’il détenait directement et via des options sur actions 74,1% du capital de sa cible, ils ont été pris de panique, les actions de Volkswagen librement négociables sur le marché se retrouvant ramenées à moins de 6% et les possibilités pour eux d’honorer leur contrat réduites à la portion congrue.

Mercredi, Porsche a quelque peu percé la bulle, ce qui expliquait la plongée de l’action. Le constructeur de bolide de sport a annoncé qu’il allait lever des garanties sur cours de ses options dans un volume de 5%, ce qui revient à injecter un paquet de titres sur le marché calmant ainsi en partie les tensions.

Le groupe de Stuttgart vise toujours une part de 75% du constructeur de la Golf, a-t-il précisé, ajoutant qu’il était prêt à acquérir le montant nécessaire sur le marché ou de gré à gré.

Mais il a de nouveau rejeté toute responsabilité dans les événements des derniers jours. Porsche a subi une volée de bois vert du monde financier, qui critique son manque de transparence.

Sous pression aussi, la Deutsche Börse, l’opérateur de la Bourse de Francfort, a elle fini par réagir dans la nuit de mardi à mercredi, en annonçant qu’elle limiterait le poids de l’action VW à 10% à partir de lundi. Mardi, elle représentait 27% de l’ensemble.

L’affaire pourrait encourager un élargissement de l’interdiction des ventes à découvert, appliquée actuellement aux seules banques. “Notre objectif est depuis quelque temps déjà d’interdire toutes ventes à découvert qui ne sont faites que dans un but spéculatif et sans raison économique valable”, a rappelé au cours d’un point de presse Torsten Albig, porte-parole du ministère des Finances.