à Washington (Photo : Chip Somodevilla) |
[30/10/2008 08:53:30] WASHINGTON (AFP) Les chiffres du Produit intérieur brut américain pour le troisième trimestre, dont la publication est prévue jeudi, devraient confirmer l’ampleur des difficultés de l’économie des Etats-Unis, un an après le déclenchement de la crise des crédits immobiliers à risques.
Les analystes tablent en moyenne sur une contraction du PIB de 0,5% en rythme annuel, après une croissance de 2,8% au deuxième trimestre. Le moteur traditionnel de la croissance aux Etats-Unis, la consommation –qui contribue aux deux-tiers au PIB– semble en effet avoir calé.
Le vice-président de la Réserve fédérale Donald Kohn estime qu’avec la montée du chômage et le durcissement du crédit, les dépenses de consommation sont “en passe de reculer pour l’ensemble du troisième trimestre, ce qui marquerait la première baisse trimestrielle depuis 1991”.
Le cabinet Global Insight va jusqu’à tabler sur un recul de 3,5%, qui marquerait la plus forte baisse de la consommation depuis 1980.
Particulièrement touchées, les dépenses de biens durables devraient continuer leur chute pour le troisième trimestre de suite, ainsi que le laisse présager l’effondrement des ventes de voitures en septembre.
Au deuxième trimestre, la croissance avait trouvé un moteur auxiliaire dans des exportations dopées par un dollar faible, mais ce coup de fouet du commerce extérieur devrait être moins marqué cette fois-ci, l’extension de la crise à l’ensemble de la planète ayant réduit les débouchés pour les produits américains. Les chiffres du commerce extérieur montrent d’ailleurs que les exportations américaines ont baissé en août (tout comme les importations, signe d’une demande intérieure affaiblie) pour la première fois depuis mars.
Les analystes de Global Insight s’attendent néanmoins à ce que le commerce extérieur ait apporté environ 2 points de croissance à l’économie au troisième trimestre, contre près de 3 points au printemps.
Finalement, estiment-ils, si le recul du PIB n’est pas plus marqué, c’est que les dépenses fédérales liées à la défense seront restées fortes et que les variations des stocks auront joué en faveur de la croissance, même si cela reste incertain compte tenu du peu d’informations disponibles sur ce point.
Ils prédisent en tout cas que le quatrième trimestre “montrera la récession de manière beaucoup plus nette, avec un PIB probablement en recul d’environ 3%” en rythme annuel.
Le gros point noir de l’économie américaine au troisième trimestre devrait rester l’investissement. Les dépenses d’investissement privées n’ont cessé de baisser depuis le quatrième trimestre de 2007, plombées par l’immobilier.
Les analystes de Barclays Capital tablent ainsi sur une baisse des investissements liés au logement de 17%, après celle de 13,3% observée au deuxième trimestre.
Le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke a évité ces derniers temps de faire des prévisions de croissance précises pour le deuxième semestre, répétant souvent que les conditions étaient telles que le pronostic était assez aléatoire.
Il a néanmoins jugé le 20 octobre que l’examen d’un nouveau plan de relance par le Congrès lui semblait “approprié” vu le risque de “ralentissement prolongé” pesant selon lui sur la croissance.