Allemagne : le chômage au plus bas depuis 16 ans, sous les 3 millions

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à Bernau, au nord de Berlin, en septembre 2005 (Photo : Michael Urban)

[30/10/2008 11:26:59] BERLIN (AFP) Le nombre de chômeurs en Allemagne est passé en octobre sous la barre des trois millions, pour la première fois depuis seize ans, mais selon les économistes, une dégradation du marché de l’emploi est inéluctable.

En octobre, 2,997 millions de personnes étaient sans emploi, soit 84.000 de moins qu’en septembre, a annoncé jeudi l’Agence fédérale pour l’emploi.

C’est en novembre 1992 que le nombre de chômeurs avait pour la dernière fois été mesuré à moins de trois millions, un seuil symbolique très important dans le débat public allemand.

En données corrigées des variations saisonnières, considérées plus fiables par les experts, le recul est de 26.000 personnes, là où les analystes interrogés par Dow Jones Newswires attendaient au mieux une baisse de 15.000.

Le taux de chômage brut atteint désormais 7,2% en Allemagne, a précisé l’Agence, qui constate que “le ralentissement conjoncturel et la crise financière n’ont pas encore eu en octobre de conséquences graves pour le marché du travail”.

Les économistes ne cachaient pas jeudi une certaine surprise face à ces bonnes statistiques, portées par le rebond traditionnel de l’emploi en automne, au sortir des grandes vacances.

“Le marché de l’emploi reste étonnamment soutenu pour l’instant”, écrit Jennifer McKeown, de la société Capital Economics.

Mais seulement “pour l’instant”, prend-elle soin de préciser.

Il ne fait guère de doutes pour les experts que le marché de l’emploi allemand sera tôt ou tard rattrapé par la crise économique, alors que les poids lourds de l’industrie allemande voient leurs carnets de commandes fondre à vue d’oeil.

Dans la seule matinée de jeudi, le géant de la chimie BASF, l’équipementier automobile Continental et le conglomérat MAN ont prévenu qu’ils n’atteindraient pas leurs objectifs de résultats en 2008.

“Les sondages sur les intentions d’embauche des patrons vont dans le sens d’un ralentissement très fort, et il ne faudra pas attendre longtemps avant que le chômage ne remonte”, juge Jennifer McKeown.

Alexander Koch, d’Unicredit, souligne quant à lui que “les annonces de plusieurs grands groupes suggèrent que les travailleurs intérimaires qui ont dopés les statistiques de l’emploi ces derniers temps, seront les premiers à subir le ralentissement prévisible du marché du travail”.

Les constructeurs automobiles en particulier ont l’intention de se séparer de milliers de travailleurs intérimaires afin de contenir leurs coûts.