Aviation : Lufthansa avance ses pions, Air France patiente

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éroport Linate de Milan le 22 septembre 2008 (Photo : Damien Meyer)

[30/10/2008 11:26:59] PARIS (AFP) La compagnie allemande Lufthansa marque des points dans la consolidation du secteur aérien en Europe avec l’acquisition de la britannique BMI, qui lui permettra de se renforcer sur l’axe transatlantique, tandis qu’Air France reste toujours en embuscade sur Alitalia.

Lufthansa a annoncé mercredi qu’elle allait monter à 80% du capital de la britannique BMI (British Midland) début 2009, lui permettant de s’emparer de précieux créneaux horaires à l’aéroport londonien d’Heathrow.

La britannique Virgin Atlantic, qui opère des liaisons long-courrier dont la plupart avec l’Amérique du Nord, a aussitôt réitéré sa proposition de fusionner avec BMI. “C’est un énorme +boost+ pour Lufthansa” sur l’Atlantique du Nord, juge Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Il y a eu d’autres facteurs dans ce décollage: la compagnie allemande a déjà pris près de 20% dans la compagnie américaine JetBlue, profitant ainsi de créneaux à l’aéroport de New York-JFK, et bénéficie de l’arrivée de l’américaine Continental Airlines dans Star Alliance, rappelle-t-il.

Cette alliance aérienne, concurrente de SkyTeam dont est membre Air France, “va devenir la première alliance sur l’Atlantique nord” et un rapprochement entre Virgin et BMI “créerait un pôle particulièrement virulent sur cet axe là” et mettrait “une pression énorme” sur British Airways, poursuit-il.

Air France-KLM reste toutefois toujours en position de force sur cet axe, grâce à sa coentreprise avec les compagnies aériennes américaines Delta Air Lines et Northwest Airlines, qui ont officialisé mercredi leur fusion pour former la première compagnie mondiale en termes de trafic. Elles avaient lancé leur joint-venture pour profiter de l’accord “ciel ouvert” libéralisant le transport aérien entre l’Union européenne et les Etats-Unis et ont obtenu une immunité “antitrust” des pouvoirs publics américains.

En Europe, Lufthansa ne compte pas en rester là. “Lufthansa est devenue l’un des principaux acteurs de la consolidation des compagnies aériennes en Europe, qui sont nombreuses à être proches de la faillite, à vendre ou en recherche de partenaires en raison de la pression pétrolière, du rétrécissement du crédit et des craintes de récession”, soulignent les analystes de la Deutsche Bank.

Après avoir acquis Swiss et Brussels Airlines, elle est désormais la favorite pour le rachat d’Austrian Airlines.

Elle reste en effet seule dans la course avec la compagnie russe S7 après l’éviction d’Air France-KLM.

“Nous pensons que Lufthansa, qui a déjà une relation forte avec Austrian (partage de codes, une coentreprise sur les vols entre les deux pays et leur appartenance à Star Alliance) peut se renforcer significativement sur les régions lucratives de l’Europe de l’Est, de la Russie et du Moyen Orient”, juge la Deutsche Bank.

Autres futures cibles possibles: la scandinave SAS, membre de Star Alliance et liée par un accord stratégique à Lufthansa, ou la polonaise LOT. Pour sa part, Air France est décidée à ne pas rater le mouvement de concentration en Europe.

La Cai, une alliance de grands patrons italiens, doit reprendre Alitalia et choisir ensuite entre Air France-KLM, Lufthansa et British Airways pour nouer une alliance. Mais Air France-KLM est la mieux placée selon les observateurs. “Je pense qu’Air France aura finalement Alitalia, sans dette et avec les +actifs pourris+ aux mains de l’Etat”, ce qui s’avérerait être une bonne opération, juge Yan Derocles.

Reste que le groupe aérien franco-néerlandais souffre de la faiblesse de son réseau en Europe de l’est. “L’année prochaine je pense qu’Air France pourrait racheter CSA”, la compagnie tchèque membre de SkyTeam, prédit-il.