Les promesses électorales américaines vont se heurter à une montagne de dettes

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à Wall street à New York (Photo : Spencer Platt)

[30/10/2008 11:26:59] WASHINGTON (AFP) Qu’il s’appelle Obama ou McCain, le prochain président des Etats-Unis devra revoir les promesses de la campagne électorale face à la montagne de dettes accumulées pour sortir le pays de la crise financière.

Les Etats-Unis ont clos fin septembre l’exercice budgétaire 2008 sur un déficit record de 455 milliards de dollars. Ce déficit pourrait dépasser les 1.000 milliards lors de l’exercice 2009 qui a démarré début octobre.

“Le déficit budgétaire va facilement doubler et il n’y aura guère de marge de manoeuvre pour financer toutes les promesses faites par les candidats”, observe Maya MacGuineas, directrice du Committee for a Responsible Federal Budget, une association de surveillance budgétaire apolitique.

L’association a calculé que les promesses du républicain John McCain pourraient creuser le déficit de l’ordre de 414 à 482 milliards, tandis que les baisses d’impôts promises par son adversaire démocrate Barack Obama se traduiraient par un manque à gagner de 360 milliards. Ces factures ne seraient que partiellement compensées par des économies dans d’autres domaines.

“Aucun des candidats ne s’est montré réaliste en matière budgétaire”, déplore Robert Bixby, directeur de la Concord Coalition, une association de défense de la rigueur fiscale. “Les déficits sont inévitables. Mais il ne faut pas perdre de vue la discipline budgétaire”. La crise financière oblige le Trésor à lever 700 milliards de dollars pour voler au secours du secteur, tandis que le ralentissement économique pèsera immanquablement sur les recettes.

L’une des leçons de la crise financière est qu’il est “dangereux d’accumuler trop de dettes”, estime M. Bixby, selon lequel un endettement national qui dépasse déjà les 10.000 milliards ne peut qu’accentuer les déséquilibres du fait du départ à la retraite des générations nombreuses de l’après-guerre 45.

“J’aimerais mieux que les candidats renoncent à leurs promesses de campagne plutôt que de mener une politique irréaliste”, ajoute-t-il. “Les gens ne sont pas idiots. Ils savent ce que valent ces promesses et que nous traversons une crise”.

Pour les Etats-Unis, le risque serait qu’investisseurs et banques centrales, alarmés par l’énormité des dettes de Washington, hésitent à acheter les bons du Trésor américains, ce qui pousserait les taux d’intérêt à la hausse et augmenterait le service de la dette pour l’Etat et les particuliers. “Nous passons d’une bulle à l’autre”, observe Mme MacGuineas. “Nous nous tirons d’affaire en empruntant davantage d’argent. Si cette bulle explose, ce sera encore pire que la situation actuelle”.

Obama a promis de réduire les impôts des revenus inférieurs à 250.000 dollars par an, soit 95% des ménages. John McCain entend proroger les baisses d’impôts déjà accordées par l’administration Bush au-delà de 2011, tout en offrant de nouvelles déductions aux familles et entreprises.

Le républicain promet d’équilibrer le budget en gelant la plupart des dépenses. Le démocrate veut obliger le Congrès à compenser toute dépense par une hausse équivalente des recettes ou par d’autres économies. Les experts sont sceptiques, jugeant inévitable à terme une hausse de la fiscalité.

“Réduire le déficit est forcément douloureux”, rappelle Brian Riedl, du centre conservateur Heritage Foundation. “Les candidats n’aiment pas vraiment en discuter”…