Nintendo fait mieux que résister à la crise mais est victime du yen fort

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à Hollywood (Photo : Gabriel Bouys)

[30/10/2008 12:51:30] TOKYO (AFP) Le groupe japonais de jeux vidéo Nintendo a été contraint jeudi de raboter ses mirifiques prévisions de bénéfices pour l’année en cours, à cause de la brusque hausse du yen qui empiète sur ses marges, mais, crise ou pas, ses jeux et consoles se vendent de mieux en mieux.

Nintendo a ramené son estimation de profit net annuel à 345 milliards de yens (2,76 milliards d’euros), alors qu’il espérait auparavant le voir atteindre 410 milliards.

Ce nouveau calcul résulte de la prise en compte de taux de change yen/dollar et yen/euro moins favorables, compte-tenu des fortes fluctuations récentes que nul n’avait anticipées.

Même en défalquant ces milliards de yens, Nintendo n’est pas au bord du gouffre, loin s’en faut, puisque les nouveaux gains attendus seront encore d’un tiers supérieurs à ceux encaissés l’an passé.

Ces profits nets représenteront en outre plus du double de ceux du géant de l’électronique nippon Sony qui, plus éclectique, affiche pourtant un chiffre d’affaires quatre fois et demie plus gros.

Nintendo n’est en réalité pas touché par la morosité ambiante due aux répercussions de la crise financière qui secoue l’économie mondiale, mais uniquement par les variations brutales des cours des monnaies.

“Nos affaires vont bien, et nous nous attendons à une augmentation des ventes en volume”, a assuré son porte-parole Ken Toyoda, qui estime que les difficultés “viennent uniquement des changes”.

Contrairement à d’autres groupes japonais plus diversifiés qui constatent que les clients mettent moins facilement la main à la poche pour s’offrir certains produits high-tech coûteux (larges téléviseurs à écran plat par exemple), Nintendo semble profiter de l’envie des consommateurs de se faire plaisir et de se distraire en famille à un prix jugé raisonnable.

Bien que ses marges à l’étranger soient soudainement grignotées par le yen glouton, le groupe continue de fabriquer des Wii, des DS et des boîtes de cartouches ou disques à tour de bras.

Après un début d’année en fanfare, et alors que le marasme économique est avéré, Nintendo s’attend même à vendre plus de consoles et jeux qu’il ne le pensait à la fin du premier trimestre.

Sur l’ensemble de l’année budgétaire (avril dernier à mars prochain), il prévoit ainsi d’écouler 30,5 millions de machines de poche à double-écran DS et 27,5 millions de consoles de salon Wii.

A mi-parcours, il a déjà vendu près de 14 millions de DS, portant le total à 84 millions depuis la naissance de cette famille de consoles fin 2004.

En six mois, plus de 10 millions de Wii ont rejoint autant de foyers dans le monde, pour un total de 34,5 millions depuis leur lancement fin 2006.

Selon Nintendo, ces machines portables et fixes sont toujours prisées car simples d’emploi, accessibles et accompagnées d’une vaste logithèque pour tous les publics.

Pikachu et sa clique de Pokemon ou l’indéboulonnable Mario y côtoient des professeurs de mathématiques et de langues étrangères ou des conseillers pour la santé virtuels. Gamins, père, mère ou grands-parents, tout le monde est ainsi censé y trouver son bonheur.

“Une Wii par famille, une DS par individu”, répète à l’envi le patron de Nintendo, Satoru Iwata, lorsqu’il affiche ses ambitions ultimes.

Et le même de dégainer de nouvelles armes chaque fois que la demande semble marquer un peu le pas, comme c’est le cas actuellement sur la DS au Japon.

Nintendo lancera ainsi samedi dans l’Archipel une nouvelle mouture de cette console de poche, dotée d’écrans plus larges, de deux modules caméras et de fonctions sonores plus performantes. Ces fioritures inédites visent à mieux affronter la combative rivale PSP de Sony, stimuler les développeurs pour créer des divertissements inédits, amuser les petits et les grands et remplir le tiroir-caisse. Le yen, lui, n’aura qu’à bien se tenir.