La Deutsche Bank rassure, les banques privées sous pression

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âtiment de la deutsche Bank à Francfort (Photo : John Macdougall)

[30/10/2008 14:21:59] FRANCFORT (AFP) La Deutsche Bank, première banque allemande, a rassuré jeudi sur sa santé financière et rejeté tout besoin de capital frais de la part de l’Etat, alors que les pressions montent sur les établissements privés pour recourir au plan de soutien gouvernemental.

“Encore une fois, nous n’avons pas besoin de capital”, a déclaré un brin irrité Stefan Krause, directeur financier de Deutsche Bank, alors qu’on lui demandait si l’établissement de Francfort (ouest) envisageait d’avoir recours au plan gouvernemental de soutien au secteur bancaire, qui prévoit notamment 80 milliards d’euros pour recapitaliser des établissements en difficultés.

Pour lui, les comptes trimestriels présentés par la banque rendent la question superflue. Le groupe a bien vu son bénéfice net chuter de 75% à 414 millions d’euros, évitant la glissade dans le rouge à la faveur d’une nouvelle règle comptable.

Mais compte tenu de “la considérable intensification de la crise du crédit en septembre”, pour reprendre les termes de son président Josef Ackermann, la performance est honorable et le monde financier pensait de même, l’action grimpant de plus de 14% vers 12h30 GMT à la Bourse de Francfort, en tête de l’indice vedette Dax.

Les chiffres trimestriels ont montré que la capitalisation de la banque est solide, ce qui soulageait aussi le marché.

Le groupe est en revanche resté évasif sur un éventuel recours en commun des banques privées -évoqué dans la presse- à l’autre volet du plan gouvernemental, à savoir les garanties de l’Etat sur les prêts interbancaires, pour lequel Berlin a prévu 400 milliards.

“Je n’ai pas de commentaires à faire pour le moment”, a dit M. Krause. Commerzbank, qui doit financer le méga-rachat de sa rivale Dresdner Bank, a redit étudier le plan, se laissant toutes les options ouvertes.

Postbank, la première banque de détail du pays, qui a annoncé de lourdes pertes surprises au troisième trimestre, a préféré se tourner vers son principal actionnaire Deutsche Post qui va lui injecter 1 milliard d’euros pour renflouer son capital.

Jusqu’ici, des banques régionales, comme BayernLB, ont appelé l’Etat à l’aide. La spécialiste du financement immobilier Hypo Real Estate, déjà sauvée deux fois de la faillite, a sollicité 15 milliards de garanties mercredi, en plus d’un plan de sauvetage séparé de 50 milliards piloté par Berlin. Et la banque en déroute n’a pas exclu de demander aussi des injections de capital.

Les pouvoirs politiques insistent lourdement depuis plusieurs jours auprès des banques privées.

“Il serait insensé pour des dirigeants de mettre en danger la survie de leur établissement”, déclarait récemment le ministre de Finances social-démocrate Peer Steinbrück dans la presse.

“Les banques doivent prendre leurs responsabilités”, à savoir être en mesure d’approvisionner l’économie en liquidités et en crédits, a enchaîné mercredi la chancelière conservatrice Angela Merkel. “Les acteurs du secteur des services financiers doivent se recentrer sur cette idée de service”, avait-elle déclaré, sous-entendu au lieu de penser uniquement au profit, ou à leur prime pour les cadres et dirigeants.

Le plan n’est pas sans contrainte pour qui le sollicite. L’une d’entre elles consiste à limiter le salaire du président du directoire à 500.000 euros par an, bien loin des rémunérations en millions en usage dans le milieu.

M. Ackermann a tout de même tenu à préciser jeudi son soutien au dispositif, après avoir, selon des propos rapportés dans la presse, fait savoir qu’il aurait “honte” d’y faire appel. “Nous avons salué depuis le début” les mesures et “nous allons continuer à les soutenir”, a-t-il dans le rapport trimestriel du groupe.

Le Suisse, dont les idées ultralibérales suscitent régulièrement la polémique, avait été sommé par Peer Steinbrück de “clarifier” sa position.