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[30/10/2008 15:38:54] WASHINGTON (AFP) Le Produit intérieur brut des Etats-Unis a reculé au troisième trimestre, la crise du crédit ayant eu raison de la consommation des ménages et de l’investissement, et faisant craindre que la première économie mondiale ne soit qu’au début d’une récession profonde.
Le PIB a reculé de 0,3% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, selon le secrétariat au Commerce, soit un peu moins que prévu par les marchés, qui attendaient en moyenne un repli de 0,5%.
Malgré cela, les analystes sont pessimistes.
“La demande intérieure devrait continuer à tomber dans les mois à venir du fait de la crise du crédit. La hausse du chômage devrait également peser sur les dépenses de consommation”, relève Marie-Pierre Ripert de Natixis, qui s’attend à un nouveau recul du PIB au quatrième trimestre, “probablement plus fort qu’au troisième”.
Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, prévoit un nouveau recul du PIB de 1% au quatrième trimestre et au suivant. Il estime ainsi que “l’économie est en récession”, habituellement définie comme deux trimestres consécutifs de recul du PIB.
La Maison Blanche l’a d’ailleurs reconnu à demi mots en affirmant agir “vigoureusement pour ramener l’économie à la croissance et à la création d’emplois d’ici aux premiers mois de l’année prochaine”.
Le recul du PIB américain est le premier depuis fin 2007. Au deuxième trimestre, la croissance de l’économie américaine avait été de 2,8%.
Le PIB a été plombé par la consommation des ménages, qui assure en temps normal près de 70% de la croissance américaine. Les dépenses des ménages ont reculé de 3,1% en rythme annuel entre juillet et septembre, tirées par une chute des achats de biens durables (-14,1%).
à vendre” dans un quartier résidentiel de Centreville en Virginie le 29 août 2006 (Photo : Paul J. Richards) |
C’est une des conséquence de la crise financière qui pousse nombre d’Américains à reporter leurs gros achats sous l’effet conjugué de la hausse du chômage et de la difficulté à obtenir des crédits.
Les dépenses en biens de consommation non durables ont également reculé, de 6,4%, soit leur plus fort repli depuis 1950. Cela traduit la prudence des Américains qui, comme le notait récemment la Réserve fédérale, se serrent la ceinture et privilégient les produits à bas prix.
Au total, le recul de la consommation des ménages est le plus fort depuis 1980, et celle-ci a fait perdre 2,25 points de croissance à l’économie.
Confirmant une tendance de baisse engagée début 2006, les investissements privés dans le logement ont encore amplifié leur chute, plongeant de 19,1%, et faisant perdre 0,72 point de croissance aux Etats-Unis.
Les dépenses d’investissements hors logement ont elle aussi reculé, pour la première fois depuis fin 2006 (-1,0%), la hausse des dépenses d’infrastructures (+7,9%) ne suffisant pas à compenser la baisse des investissements en machines et logiciels (-5,5%), en recul pour le troisième trimestre de suite.
Parmi les points positifs figure la bonne tenue des exportations. Celles-ci ont fortement ralenti leur hausse, mais avec le recul simultané des importations, le commerce extérieur a finalement apporté 1,13 point de croissance au pays.
Tirées par la défense, les dépenses de l’Etat fédéral ont progressé de 5,8%, soit leur plus forte hausse depuis le printemps 2003, contribuant également à enrayer la chute du PIB en apportant 1,15 point de croissance.
Mauvais signe pour l’avenir, la variation des stocks des entreprises a apporté de façon plus artificielle 0,56 point de croissance.
Comme s’en inquiète Avery Shenfeld, économiste à CIBC World Market, “l’économie américaine se raccroche au soutien des exportations, lequel ne durera pas au quatrième trimestre.”
“Le reste du monde ralentit”, et avec la montée du dollar cela va freiner les exportations, dit-il, prédisant un quatrième trimestre “bien pire” avec un recul du PIB pouvant aller jusqu’à 2%.