Les marchés d’Asie en ordre dispersé, les entreprises frappées par la crise

[31/10/2008 10:37:45] PARIS (AFP)

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à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

Les marchés financiers asiatiques et européens rechutaient sur des prises de bénéfices vendredi, au dernier jour d’un sombre mois d’octobre, alors que l’économie mondiale continue de se dégrader.

Après Tokyo qui a cédé 5,01%, Paris cédait 1,66% quelques minutes après l’ouverture des transactions à 08h00 GMT. Francfort a ouvert en légère baisse de 0,26%, tandis que Londres démarrait sur un gain timide de 0,12%, avant de repasser dans le rouge.

Juste avant d’annoncer une révision drastique de la croissance au Japon pour 2008-2009, la Banque du Japon (BoJ) a abaissé son taux directeur de 0,20 point de pourcentage, à 0,30%, pour soutenir la deuxième économie mondiale frappée de plein fouet par l’appréciation du yen et le recul des exportations.

Cette baisse du loyer de l’argent, la première en plus de sept ans, complète un plan de relance de 207 milliards d’euros, dont 38 milliards de dépenses publiques directes, annoncé jeudi par le Premier ministre Taro Aso.

Adoptée lors d’un vote extrêmement serré des membres du comité de politique monétaire, et anticipée par les marchés, elle n’a guère eu d’impact vendredi.

La baisse de taux est surtout perçue par les analystes comme une mesure symbolique destinée à montrer que la BoJ contribue aux efforts mondiaux pour enrayer la crise financière. La marge de manoeuvre de l’institut d’émission japonais est de toutes façons minime étant donné le niveau déjà extrêmement bas de son taux directeur.

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érence de presse, le 31 octobre 2008 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

La Bourse de Tokyo, qui avait rebondi de plus de 26% au cours des trois dernières séances après avoir touché lundi son plus bas niveau en 26 ans, a clôturé sur une forte baisse de 5,01%.

“Ce déclin est largement une réaction au fort rebond” des derniers jours, a commenté Hirokazu Fujiki.

Dans son sillage, Shanghai a perdu 1,97% et Hong Kong 2,52%. En revanche, Séoul a gagné 2,61%.

Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait déjà annoncé un abaissement d’un demi-point, à 1,00%, de son principal taux directeur. La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont également laissé entendre qu’elles pourraient prochainement assouplir leur politique monétaire.

Signe de la nervosité des investisseurs, les cours du pétrole sont repartis à la baisse en Asie. Le prix du baril de “light sweet crude” pour livraison en décembre perdait 1,64 dollars, à 64,50 dollars le baril.

Parallèlement, l’euro s’affaissait de nouveau face au dollar et au yen. La devise nippone recommençait aussi à progresser face au billet vert, renforçant les inquiétudes pour les grands exportateurs japonais.

Confirmant la détérioration de l’économie, le produit intérieur brut des Etats-Unis, première économie mondiale, a reculé de 0,3% au troisième trimestre, en rythme annuel, par rapport au trimestre précédent. La crise du crédit a eu raison de la consommation des ménages et de l’investissement.

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à la Bourse de New York peu avant la cloche de fermeture, le 30 octobre 2008 (Photo : Spencer Platt)

Le chiffre annoncé jeudi est légèrement moins mauvais que redouté et l’indice Dow Jones de la Bourse de New York a terminé la séance en hausse de 2,11%. Mais nombre d’économistes redoutent que le pire soit à venir.

La Banque du Japon a d’ailleurs fortement abaissé vendredi sa prévision de croissance de l’économie nippone pour l’année budgétaire 2008-2009 (avril-mars), ramenée à +0,1% au lieu de +1,2%.

“L’économie mondiale est en train de corriger plusieurs déséquilibres accumulés au cours des dernières années, et cela pourrait peser sur l’activité”, a averti la BoJ.

L’Allemagne, qui avait surpris jeudi avec une baisse spectaculaire du chômage en octobre, a annoncé vendredi une baisse plus forte que prévu des ventes de détail en septembre (-2,3% par rapport à août). Le mauvais chiffre confirme la dégradation de la conjoncture dans la première économie européenne, déjà au bord de la récession.

La mauvaise santé de l’économie continue de se refléter dans les résultats des entreprises, dont beaucoup revoient à la baisse leurs prévisions de résultats.

C’était le cas vendredi, à Tokyo, de la première maison de commerce japonaise Mitsubishi Corporation et de la deuxième compagnie aérienne du pays All Nippon Airways (ANA).

Le constructeur automobile Nissan a annoncé une chute de 40,5% de son bénéfice net au premier semestre 2008-2009 et a divisé par plus de deux sa prévision de bénéfice net annuel, frappé par la détérioration du marché américain.

Le constructeur automobile Mazda, le groupe d’électronique Sharp ou le spécialiste des appareils photo Nikon ont été sanctionnés en Bourse, pour avoir déçu les analystes la veille.

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ège d’American Express, le 30 octobre 2008 à New York (Photo : Spencer Platt)

Plusieurs grands groupes allemands avaient aussi abaissé jeudi leurs prévisions de résultats, dont le fabricant de camions MAN et l’équipementier Continental.

Et les plans sociaux se succèdent.

Le groupe américain de services financiers American Express a annoncé la suppression de 7.000 emplois, soit environ 10% de ses effectifs mondiaux, dans le cadre d’un programme de réduction des coûts de 1,8 milliard de dollars.

Le fabricant de téléphones américain Motorola doit supprimer 4,5% de ses effectifs, soit environ 3.000 emplois, après être tombé dans le rouge au 3e trimestre. En Allemagne, le numéro un mondial de la chimie BASF a annoncé 1.000 suppressions d’emplois dans le monde d’ici à 2012.

Le géant industriel américain General Electric (GE) va licencier 500 employés dans ses usines en Hongrie.