La Banque du Japon baisse ses taux et prévoit une croissance proche de zéro

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à Tokyo (Photo : Str)

[31/10/2008 09:29:13] TOKYO (AFP) La Banque du Japon a réduit vendredi à presque zéro sa prévision de croissance de la deuxième économie mondiale pour l’année budgétaire en cours, abaissant dans la foulée son taux directeur de vingt points de base, à 0,30%, au cours d’un vote particulièrement divisé.

Pour l’année budgétaire 2008-2009, qui s’étend d’avril à mars, la banque centrale ne table plus que sur une croissance économique de 0,1%. Sa précédente prévision de croissance, publiée en juillet, était de 1,2%.

“L’activité économique au Japon est devenue de plus en plus faible à cause des effets des hausses des prix de l’énergie et des matières premières et le ralentissement des exportations”, a noté la banque centrale dans un rapport.

La reprise ne devrait venir qu’après septembre 2009, a estimé la BoJ, promettant de mener pour le moment une politique monétaire accommodante en fournissant d’amples liquidités au marché.

Le comité de politique monétaire de la BoJ, qui compte huit membres et un siège vacant, a abaissé le taux directeur de 0,50% à 0,30% au terme d’un vote extrêmement serré: quatre membres ont voté pour, et les quatre autres contre. Seule la voix prépondérante du gouverneur Masaaki Shirakawa a permis aux partisans de cette mesure de l’emporter.

M. Shirakawa a expliqué, au cours d’une conférence de presse, que seul un membre du comité voulait laisser le taux inchangé à 0,50%. Les trois autres opposants étaient partisans d’une baisse encore plus forte, à 0,25%.

“Shirakawa a résisté aux appels pour un abaissement plus prononcé car il croit que cela pourrait affecter le fonctionnement du marché monétaire”, a commenté Glenn Maguire, économiste à la Société Générale.

Il s’agit de la première baisse du loyer de l’argent au Japon depuis mars 2001, quand le taux directeur de la BoJ avait été ramené à zéro pour lutter contre la déflation qui sévissait alors.

La baisse des taux a pour objectif d’enrayer l’appréciation galopante du yen face au dollar et à l’euro observée ces dernières semaines, et de réduire les coûts de financement pour les banques japonaises.

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Quotations de la Bourse de Tokyo, le 31 octobre 2008 dans une rue de la capitale japonaise (Photo : Toru Yamanaka)

Même si leurs malheurs paraissent légers par rapport à ceux de leurs consoeurs occidentales, les banques nippones souffrent quand même de la crise. Les trois plus grandes, Mitsubishi UFJ, Mizuho et Sumitomo Mitsui, ont drastiquement sabré leurs prévisions de bénéfices annuels.

Un abaissement de 0,2 point seulement est largement considéré comme symbolique, la marge de manoeuvre de la BoJ étant de toute façon minime en raison du faible niveau de son taux. La mesure annoncée vendredi a surtout pour but, estiment les analystes, de montrer que la BoJ travaille la main dans la main avec ses homologues étrangères pour enrayer la crise financière.

Le 8 octobre, quand les principales banques centrales mondiales avaient annoncé une baisse des taux concertée, la BoJ était restée à l’écart. Elle a cependant contribué aux efforts mondiaux en injectant quasi quotidiennement d’énormes quantités de yens et de dollars dans le circuit bancaire japonais.

Prévenue de l’imminence d’une baisse des taux par des fuites dans les médias, la Bourse de Tokyo avait bondi de 26% en trois jours. Elle a toutefois chuté de 5,01% vendredi, les investisseurs ayant largement digéré la bonne nouvelle et en profitant pour encaisser des bénéfices.

La BoJ a également annoncé qu’elle rémunérerait désormais au taux de 0,10% les réserves obligatoires des banques, des sommes que les institutions financières sont contraintes de bloquer dans un compte à la banque centrale pour garantir le remboursement des dépôts aux clients qui le réclameraient.