Le pétrole perd plus de 2 dollars avec les craintes de récession

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à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[31/10/2008 11:46:04] LONDRES (AFP) Les cours du brut accentuaient leur baisse vendredi en début d’échanges européens au lendemain de l’annonce d’une contraction du produit intérieur brut aux Etats-Unis, qui a ravivé les craintes pour la demande, selon des courtiers.

Vers 11h00 GMT (12h00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s’échangeait en baisse de 2,22 dollars à 61,48 dollars sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres.

Pendant ce temps, le baril de “light sweet crude” pour livraison en décembre perdait 2,06 dollars à 63,90 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

“Le pétrole a repris son mouvement de baisse, après que le marché ait finalement ignoré la baisse de taux de la Fed” commentait John Hall, du cabinet éponyme.

Il semblait également ignorer la baisse des taux d’intérêt de 0,20 point de pourcentage décidée par la Banque du Japon vendredi, et destinée à relancer l’économie nipponne.

Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait baissé le loyer du billet vert d’un demi point de pourcentage, une réduction qui avait temporairement stimulé la confiance des investisseurs qui veulent croire en une sortie de crise plus rapide de l’économie américaine, locomotive de la croissance mondiale.

“Le sentiment du marché est devenu tout à fait baissier après les chiffres de la croissance” ajoutait l’analyste, jugeant que le brut semblait avoir trouvé un plancher à 60 dollars depuis la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de baisser sa production.

Confirmant la détérioration de l’économie, le produit intérieur brut des Etats-Unis, premiers consommateurs de pétrole dans le monde, a reculé de 0,3% au troisième trimestre, en rythme annuel, par rapport au trimestre précédent.

Même si ce chiffre est légèrement moins mauvais que redouté, les économistes ont souligné que le pire restait à venir, ce qui ne devrait pas aider à rétablir la consommation de produits pétroliers, déjà en net recul dans le pays.

“Non seulement la demande est plus basse que l’an dernier sur une base régulière, mais cette année, la demande ne respecte même pas le calendrier avec un mois d’août, traditionnellement consommateur, affichant le niveau le plus bas de 2008” notait Olivier Jakob du cabinet Petromatrix.

Côté offre, l’Opep a tenté d’enrayer la glissade des prix du brut en annonçant la réduction de son offre de 1,5 million de barils par jour, vendredi dernier.

Pendant la semaine, les prix se sont en effet stabilisés autour de 60 dollars, avec pour seule exception un plus bas à 59,02 dollars le baril à Londres lundi. Et les marchés se préparent déjà à une prochaine baisse de la production de l’Opep en décembre, selon des analystes.

La stabilisation du billet vert, qui a franchi 1,30 dollar pour un euro jeudi, avait participé temporairement cette semaine à celle des prix du brut. Le regain du dollar depuis trois mois, en raison des craintes de récession et des besoins de liquidités, avait provoqué un retrait des investisseurs sur les marchés des matières premières, plus brutal encore dans les dernières semaines.

Mais vendredi, un nouveau retour en force du billet vert menaçait de faire chuter davantage le pétrole, mouvement qui pourrait se renforcer avec les révisions de positions et les liquidations des investisseurs en fin de mois.

Les baisses de taux d’intérêt attendues la semaine prochaine, de la part de la Banque centrale européenne et de la Banque d’Angleterre, devraient tirer encore plus le dollar à la hausse et amplifier le mouvement de recul du pétrole, anticipaient les analystes.