ù est mon argent ?” devant la banque d’Espagne, le 13 octobre 2008 à Madrid (Photo : Philippe Desmazes) |
[31/10/2008 12:45:58] MADRID (AFP) L’économie espagnole, frappée par la crise financière et l’éclatement de sa bulle immobilière, a fait un premier pas vers la récession au troisième trimestre, enregistrant un recul du produit intérieur brut (PIB), selon le calcul de la Banque d’Espagne publié vendredi.
Une économie est généralement considérée en récession après deux trimestres consécutifs de contraction de l’activité.
Le PIB espagnol a baissé de 0,2% au troisième trimestre par rapport au deuxième, selon le bulletin mensuel de la banque. En variation annuelle, l’Espagne a enregistré une croissance de 0,9%.
Sortant d’une décennie euphorique qui en avait fait une des économies les plus dynamiques de la zone euro, l’Espagne enregistrera, si ces chiffres sont confirmés par ceux de l’Institut national de la statistique (Ine), sa première croissance trimestrielle négative depuis le deuxième trimestre 1993 (-0,3%).
La croissance du PIB espagnol n’a cessé de décliner depuis la fin 2007 (0,8% au quatrième trimestre 2007, 0,3% au premier trimestre 2008, 0,1% au deuxième), notamment à cause de l’éclatement de sa bulle immobilière.
Tous les observateurs s’interrogeaient sur le moment où l’économie allait finalement passer dans le rouge.
“Les indicateurs du troisième trimestre montrent une intensification du ralentissement, dans un environnement où la profonde détérioration des marchés internationaux depuis mi-septembre a aggravé l’incertitude”, a commenté la Banque d’Espagne.
La baisse calculée par la Banque d’Espagne est plus importante que celle attendue par le gouvernement socialiste. Le ministre de l’Economie Pedro Solbes avait déclaré le 23 septembre qu’il attendait une évolution du PIB entre -0,1% et +0,1% au cours des deux derniers trimestres de l’année.
à Luxembourg (Photo : Dominique Faget) |
Les ménages espagnols, largement endettés, confrontés à la hausse du chômage et à la détérioration des perspectives économiques, réduisent sensiblement leur consommation, comme en témoigne la chute des immatriculations de voitures, ou la baisse des ventes de détail.
La crise financière a aggravé la situation, juge la Banque d’Espagne. “Dans ce contexte, les conditions d’accès au crédit des familles et des entreprises se sont durcies” a relevé l’institution, ajoutant que “de plus, la chute des valeurs boursières, conjuguée à la baisse modérée du prix immobiliers, ont pesé sur la richesse des ménages”.
Pendant plus de dix ans, dopée par l’envolée des prix immobiliers, alimentée par le crédit bon marché, nourrie par des flots de main d’oeuvre immigrée, l’Espagne a enregistré des taux de croissance très importants par rapport à ceux de ses voisins de la zone euro (3,7% en 2007).
Mais le marché immobilier s’est retourné à la fin 2007, plombé par le renchérissement du crédit, la hausse des prix stratosphérique, et la hausse du taux d’endettement des ménages, tirant vers le bas l’ensemble de l’activité.
Le taux de chômage, après avoir touché un plancher historique de 7,95% à l’été 2007, a commencé à augmenter fortement et le gouvernement estime qu’il atteindra 12,5% en 2009.
L’estimation officielle du taux de croissance au troisième trimestre sera publiée par l’Ine le 13 novembre.