Le luxe risque la récession en 2009, pour la 1ère fois en six ans, selon une étude

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à Monaco (Photo : Stephane Danna)

[31/10/2008 16:10:28] PARIS (AFP) L’industrie du luxe, dont la croissance va nettement ralentir en 2008 sous l’effet de la crise économique, devrait entrer en récession en 2009, pour la première fois depuis six ans, a prévenu le cabinet Bain and Company vendredi.

“Le marché mondial des produits de luxe, que l’on pensait épargné par les aléas économiques, commence à ressentir les effets du ralentissement économique mondial et risque fortement d’entrer en récession en 2009”, pour la première fois “en six ans”, a-t-il estimé dans un communiqué publié à l’occasion de la sortie d’une étude sectorielle.

Les ventes mondiales de produits de luxe devraient reculer de 2% en 2009, et même de 7% à taux de changes constants, a-t-il détaillé, après avoir étudié les performances et prévisions des 220 plus grandes entreprises du secteur.

“Les fluctuations des taux de change et la turbulence économique ébranleront la confiance de nombreux clients de luxe des marchés matures” –Europe, Amérique du Nord et Japon– qui représentent 80% des ventes mondiales de produits de luxe, a expliqué le cabinet.

Pour 2008, Bain and Company a confirmé les prévisions d’un net ralentissement du marché: il devrait croître de 3%, à 175 milliards d’euros, après des progressions de 6,5% en 2007 et 9% en 2006.

A long terme toutefois, il conserve des fondamentaux solides: croissance économique mondiale, “flux touristique croissant”, progression attendue des dépenses des personnes “riches” et “super riches”, à la tête d’un actif net supérieur à un million de dollars, “de 20 à 35%” dans les marchés émergents, a-t-il souligné.

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à Djakarta, le 20 août 2008 (Photo : Adek Berry)

Pour 2008 et 2009, le degré et la durée de l’impact de la crise dépendront en partie “de la façon dont vont réagir les sociétés”, souligne Marc-André Kamel, en charge du pôle luxe du cabinet, cité dans le communiqué: “les plus résistantes seront celles qui possèdent des marques internationales fortes et diversifiées”.

Sur la seule année 2008, les ventes de marques “accessibles”, comme les américains Coach, Ralph Lauren ou Tiffany, devraient stagner après une croissance de 4% en 2007, leurs fidèles étant “directement affectés par la crise économique”.

A l’inverse, les ventes de produits “super haut de gamme”, élitistes, comme par exemple ceux du français Hermès, devraient maintenir leur croissance (+8% après +10% en 2007).

Entre les deux, le “haut de gamme”, représenté par l’italien Gucci ou le français Louis Vuitton, devrait connaître un atterrissage en douceur dans le sillage du marché mondial, avec une croissance de 3% après 9% en 2007.

Par région, l’Europe, “premier marché” du luxe avec 38% de parts du marché mondial, devrait voir sa croissance ralentir de moitié en 2008, à 5%, tirée principalement par les pays de l’Est.

Aux Etats-Unis, les ventes vont “stagner sur plusieurs années”, après une croissance de 4% en 2007, tandis qu’au Japon (12% du marché mondial), déjà entré en récession en 2007 (-2%), le repli va s’accentuer à -7% en 2008.

Cette étude a été réalisée pour le compte d’Altagamma, fédération professionnelle qui représente les intérêts des groupes de luxe italiens.