à San Salvador le 31 octobre 2008 (Photo : Elmer Martinez) |
[01/11/2008 08:49:52] SAN SALVADOR (AFP) Les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté ibéro-américaine appellent à revoir les fondements du système financier international face à la crise, et veulent porter ce débat dans un sommet mondial “d’urgence” à l’ONU.
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a résumé vendredi le message qui a émergé des deux jours de débats du 18e sommet ibéro-américain organisé au Salvador en insistant pour une “réforme en profondeur du système financier international”.
Cette priorité a été exprimée “d’une seule voix”, comme l’avait souhaité le président salvadorien Elias Antonio Saca en ouvrant le sommet jeudi.
Les dirigeants de la région entendent bien participer à l’élaboration de cette réforme. A commencer par l’Espagne, qu’ils soutiennent dans sa demande d’assister à la prochaine réunion du G20, le 15 novembre à Washington.
Convaincus de la capacité de la région à affronter la crise “en meilleure condition qu’en d’autres occasions”, grâce à la consolidation de son économie et de ses réserves en devises ces cinq dernières années, ils pointent du doigt les responsables, et marquent leurs positions.
Le sommet anti-crise à l’ONU devrait prendre en compte “la responsabilité du système financier des pays développés dans la crise actuelle”, préviennent-ils.
étrangères Miguel Angel Moratinos, à San Salvador le 31 octobre 2008 (Photo : Yuri Cortez) |
Ils insistent non seulement sur “l’importance d’une participation active de la communauté ibéro-américaine à la définition d’une réponse internationale”, mais sur “la nécessité de coordonner et concerter les actions avec la participation des pays en développement”. Là encore, une révision du système…
Il faut s’adapter à la nouvelle géopolitique et à la nouvelle géo-économie nées de la crise mondiale, a insisté M. Zapatero.
Le sommet avait prévu de consacrer ses travaux à la jeunesse et au développement. Mais ce calendrier a été bouleversé par l’irruption de la crise financière mondiale.
“C’est la première fois que le sommet aborde l’actualité de la conjoncture, qu’il la discute, et qu’il se fera écouter”, a souligné le secrétaire général de l’organisation régionale, l’Uruguayen Enrique Iglesias, qui fut président de la Banque interaméricaine de développement (Bid) pendant près de 20 ans.
Les dirigeants ibéro-américains se sont également mobilisés d’une seule voix, toutes tendances politiques confondues, pour réclamer que les politiques sociales ne fassent pas les frais de la crise financière.
ésident mexicain Felipe Calderon (g.) et son homologue salvadorien Antonio Saca, à San Salvador le 30 octobre 2008 (Photo : Miguel Alvarez) |
Là encore, leur position unanime a valeur de message à la communauté internationale: la crise “risque de créer 9 millions de pauvres de plus en Amérique latine et aux Caraïbes”, a prévenu le président mexicain Felipe Calderon au cours des débats.
“L’objectif immédiat est d’empêcher une progression de l’extrême pauvreté”, a-t-il ajouté.
Cette lutte contre la paupérisation ramène le sommet à son thème initial, qui s’y trouve tout naturellement associé: la “Déclaration de San Salvador” appelle à des programmes d’éradication de la pauvreté pour la jeunesse, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement définis par l’ONU.
“J’ai été impressionné par la ferme détermination des chefs d’Etat à donner priorité au maintien des acquis sociaux”, a déclaré M. Iglesias.
La Banque interaméricaine de développement (Bid) a déjà contribué à la cause régionale en ouvrant des lignes de financement pour compenser la pénurie de crédits internationaux et permettre le fonctionnement des programmes sociaux.
Consensus sur la riposte à la crise, sur la priorité au social, et consensus encore sur les échanges commerciaux internationaux: le sommet de San Salvador a également résolu de “coordonner les positions avant la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement”, en décembre.