à la Bourse de New York (Photo : Spencer Platt) |
[01/11/2008 10:40:36] PARIS (AFP) Après un mois d’octobre des plus éprouvants, les marchés financiers restent inquiets en raison d’une avalanche de mauvaises nouvelles économiques et des incertitudes liées à la présidentielle américaine, le tout sur fond de demandes pressantes de profondes réformes.
Un peu requinquées vendredi, à l’exception notable de Tokyo qui a fini la séance à -5,01% (et dans une moindre mesure de Sao Paulo, la première d’Amérique du Sud : -0,52%), les places boursières mondiales s’apprêtent ainsi à vivre une semaine riche en inconnues.
La principale étant la conclusion, mardi, du duel électoral aux Etats-Unis, bien que les marchés tablent largement sur la victoire de Barack Obama, en tête dans les sondages, face à John McCain.
Certains analystes n’hésitent pas à prédire que Wall Street, la première Bourse mondiale, risque de réagir négativement à l’arrivée à la Maison blanche d’un démocrate, favorable à un relèvement des taxes sur les plus-values, et pourrait inversement célébrer celle de son concurrent républicain.
La fin de la semaine promet également d’être agitée, avec la publication des chiffres mensuels de l’emploi aux Etats-Unis, attendus avec anxiété en liaison avec la crise financière historique que subit la planète. Car si la plupart des Bourses sont reparties à la hausse vendredi, au terme d’un “octobre noir”, l’horizon économique continue de s’assombrir, avec une série de mauvais résultats d’entreprises et de plans sociaux.
De grands noms de l’industrie ou de la finance comme Nissan, Motorola, BASF ou American Express vont procéder à des suppressions d’emplois par milliers, menaçant d’accélérer le passage vers la récession.
Sans oublier l’annonce d’une baisse du produit intérieur brut américain de 0,3% au 3e trimestre et d’une réduction des dépenses des ménages américains en septembre, de 0,3% par rapport à août, la plus forte depuis juin 2004.
Conséquence, le nombre des suppressions d’emplois devrait dépasser le million en 2008 aux Etats-Unis, un chiffre inédit depuis 2005, selon le cabinet de reclassement Challenger, Gray et Christmas.
Cependant que la Banque du Japon a réduit à presque zéro (+0,1%) sa prévision de croissance pour l’exercice 2008-2009 (avril à mars), que l’Allemagne a fait état d’une diminution plus importante que prévu des ventes de détail en septembre (-2,3% par rapport à août) et que le PIB espagnol est en retrait de 0,2% par rapport au trimestre précédent.
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a pour sa part affirmé qu’un plan de soutien à l’économie serait présenté “dans les jours à venir”.
En outre, le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré vendredi que les Seychelles lui avaient demandé son assistance financière, cet archipel de l’océan indien devenant le quatrième pays cette année à obtenir l’examen d’un prêt pour affronter les conséquences de la crise financière, après l’Islande, l’Ukraine et la Hongrie.
Le Parlement ukrainien a à cet égard adopté vendredi soir un plan de sauvetage économique réclamé par le FMI pour l’octroi d’un crédit de 16,5 milliards de dollars.
Au cours d’une tournée dans le Golfe à partir de samedi, le Premier ministre britannique Gordon Brown va, lui, tenter de convaincre l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar d’utiliser leurs ressources financières pour soutenir les pays frappés par la crise.
Sur la semaine écoulée, à New York, le Dow Jones a rebondi de 11,29%, à 9.325,01 points, aidé par une envolée de plus de 10% lundi.
Francfort a, de son côté, terminé à +2,44%, Paris à +2,33%, Londres à +2%, Milan à +2,88%, Amsterdam à +3,90% et Madrid à +3,32%.
La Bourse de Ryad, la plus importante en termes de capitalisation du monde arabe, a débuté samedi une nouvelle semaine en hausse de 2,73% à l’ouverture.
Au total, le Dow Jones aura dévissé en octobre de 14%, un peu moins que les principales places boursières européennes (jusqu’à 17%), et bien moins que les 25% à Tokyo, qui sera fermé lundi pour cause de jour férié.
Le Nasdaq, à forte composante technologique, et l’indice élargi Standard and Poor’s affichent eux aussi des chutes respectives de 18% et 17% sur le mois.
Depuis le début de l’année, les grandes Bourses mondiales ont dans leur ensemble plongé de 30% à 40%.
Les cours du pétrole sont repartis à la baisse à Londres, le baril de Brent se repliant de 2,19 dollars à 61,52 dollars, tandis qu’à New York, le baril a fini à 67,81 dollars, en hausse de 1,85 dollar.
L’euro s’affaissait de nouveau face au dollar, à 1,2751 dollar vendredi vers 22H00 GMT, contre 1,2913 dollar jeudi soir.
Mercredi, la Fed américaine a abaissé d’un demi-point, à 1,0%, son principal taux directeur et la Banque du Japon a réduit le sien vendredi de 0,20 point, à 0,30%. La banque centrale indienne leur a emboîté le pas samedi, en ramenant de 8% à 7,50% l’un de ses taux d’intérêt à court terme. La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont, quant à elles, laissé entendre qu’elles pourraient prochainement assouplir aussi leur politique monétaire.
Mais les Etats-Unis touchent aux limites de la politique monétaire et fiscale avec des taux directeurs qui s’approchent de zéro, avertissent les experts. Parallèlement, les appels à une réforme radicale du système financier international se multiplient. Ainsi, les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté ibéro-américaine viennent de réclamer un sommet mondial “d’urgence” à l’ONU pour en débattre.