ésident mexicain Felipe Calderon (g.) et son homologue salvadorien Antonio Saca, à San Salvador le 30 octobre 2008 (Photo : Miguel Alvarez) |
[01/11/2008 10:58:13] SAN SALVADOR (AFP) Les dirigeants latino-américains craignent que la crise financière ne vienne remettre en cause les programmes sociaux qui leur ont permis de faire reculer la pauvreté dans leur pays avec l’embellie économique de ces dernières années.
La perspective de récession dans les pays développés est synonyme d’une réduction de la croissance en Amérique latine qui risque d’avoir de lourdes conséquences sociales, ont conclu les chefs d’Etat et de gouvernement ibéro-américains réunis à San Salvador pour leur 18e sommet annuel.
“Les effets de cette crise seront ressentis par la population”, a prévenu le président mexicain Felipe Calderon au cours du sommet. “L’objectif immédiat est d’empêcher une progression de l’extrême pauvreté en Ibéro-Amérique, menace très probable en raison de la hausse des prix et du recul de l’emploi. Elle risque de créer 9 millions de pauvres de plus en Amérique latine et aux Caraïbes”, a-t-il ajouté.
Le Brésil maintiendra ses programmes d’assistance sociale, a affirmé le président Luiz Inacio Lula da Silva. Y compris le système “Bolsa Familia” (“paquet-famille”) qui assure un revenu mensuel à 40 millions de pauvres.
“Nous sommes victimes du comportement irresponsable de ceux qui spéculent sur les espérances et vendent des illusions”, a-t-il déclaré à la tribune.
Tout ce qui a été fait “pour vaincre la pauvreté et l’exclusion” sera “de peu d’utilité” si tout est “compromis aujourd’hui par l’action irresponsable de ceux qui ont transformé l’économie en casino”, a-t-il insisté.
Les marchés et les monnaies d’Amérique latine ont été balayés par un ouragan déchaîné l’an dernier par la chute des marchés bancaires et immobiliers aux Etats-Unis, premier partenaire commercial de la région, et qui dévaste depuis le système financier international.
La croissance latino-américaine sera inférieure aux 4,5% initialement prévus, et peinera même à atteindre 3% en 2009, estime la Commission économique de l’Amérique latine (Cepal) de l’ONU.
La Banque interaméricaine de développement (Bid) a déjà contribué à la cause régionale en ouvrant des lignes de financement pour compenser la pénurie de crédits internationaux et permettre le fonctionnement des programmes sociaux.
“J’ai été impressionné par la ferme détermination des chefs d’Etat à donner priorité au maintien des acquis sociaux”, a déclaré à l’AFP le secrétaire général du Sommet ibéro-américain, l’Uruguayen Enrique Iglesias, ancien président de la Bid.
Le cycle latino-américain de réduction de la pauvreté enregistré depuis cinq ans est toutefois compromis, a-t-il ajouté. “Si la crise s’intensifie, la capacité budgétaire des Etats sera touchée, car une baisse des recettes risque fort de se répercuter dans le secteur social”, selon lui.
L’actuel président de la Bid, Luis Alberto Moreno, invite les gouvernements à faire vite. “Face à un ralentissement économique, les premiers à protéger sont les populations les plus vulnérables”, a-t-il dit à l’AFP.
“Certains pays ont déjà commencé à concentrer davantage” de moyens pour protéger leur population, a-t-il ajouté, citant les exemples des programmes d’aide économique aux familles pauvres de Colombie et du Mexique.
La directrice du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), Rebeca Greenspan, incite elle aussi l’Amérique latine à se préparer dès maintenant.
“Aucun effet n’est inévitable”, a-t-elle déclaré au quotidien du Salvador La Prensa Grafica. “Le problème, c’est que nous n’avons pas de systèmes de protection sociale protégeant la population contre ces cycles économiques”, a-t-elle conclu.