à Wall Street (Photo : Stan Honda) |
[01/11/2008 11:28:17] NEW YORK (AFP) A quelques jours de l’élection présidentielle américaine, l’affaire semble pliée à Wall Street: sans hésitation, les investisseurs parient sur une victoire de Barack Obama, même s’ils ne verraient pas d’un mauvais oeil son concurrent républicain l’emporter.
“Vu l’avance d’Obama dans les sondages, le nom du prochain président est assez clair”, relève Owen Fitzpatrick, de la Deutsche Bank. Du coup, pour Mace Blicksilver, directeur de Marblehead Asset Management, “pour beaucoup d’investisseurs, une victoire d’Obama est déjà intégrée par le marché”.
Sur le site Intrade, un mini-marché internet où l’on peut acheter des titres sur tel ou tel candidat, Barack Obama est donné vainqueur de l’élection à 84,5%, John McCain à seulement 16,6%. En septembre, M. McCain avait effectué une percée au-dessus des 50%.
De leur côté, les économistes de IHS Global Insight ont calculé que le candidat démocrate allait l’emporter à 53,1% contre 46,9% pour son adversaire, ce qu’ils jugent “pas surprenant, vu la faiblesse de l’économie”. Sam Stovall, stratégiste de Standard & Poor’s, s’en remet aux statistiques: historiquement, si le marché baisse entre août et fin octobre avant une élection (ce qui est le cas cette année), le pouvoir passe d’un parti à l’autre.
Sur les six fois où la situation s’est présentée, depuis 1928, la règle n’a souffert qu’une seule exception: la réelection du républicain Dwight Eisenhower en 1956.
Préparée à une victoire démocrate, la première place financière mondiale s’y plierait néanmoins à contrecoeur. “Si Obama gagne avec une avance considérable, je peux vous assurer que mercredi sera une journée très difficile” pour Wall Street, prévient Mace Blicksilver. “Les investisseurs savent que les taxes sur les plus-values vont augmenter et ils vont vendre, ils vont se dire: +Je ne veux pas payer un tiers de taxes en plus+”, ajoute le stratégiste. Selon une analyse de l’institut Brookings, Barack Obama veut augmenter le taux maximum d’imposition des plus-values à 20%, contre 15% jusqu’à présent.
à la Bourse de New York (Photo : Spencer Platt) |
En revanche “si McCain gagne, le marché va bondir de 10% à l’ouverture et rester dans le vert toute la séance”, pronostique M. Blicksilver. John McCain avait pourtant dénoncé, pendant sa campagne, “l’imprudence de Wall Street”, responsable selon lui des difficultés de l’économie américaine, et avait promis de réformer la place financière.
“Le marché aime le libre-échange, des taxes basses sur le capital. Si McCain accède à la Maison Blanche, on verra le marché monter”, affirme Lindsey Piegza, de FTN Financial. “Si on se dirige vers plus de protectionnisme, plus –entre guillemets– de mesures socialistes des démocrates, je ne suis pas sûre que ce soit considéré comme positif”, poursuit-elle.
“Le marché préfère en général les républicains, mais la plupart des gens achètent des actions pour le long terme, et les transmettent à leurs enfants. Ils ne vont pas vendre parce que le pouvoir passe d’un parti à l’autre”, relativise Sam Stovall.
D’autant que Wall Street a historiquement connu des années plus fastes sous les présidents démocrates, avec une progression annuelle moyenne de 10,7% contre 6,4% sous les présidents républicains, relève l’analyste.
“Le marché déteste l’incertitude”, note Owen Fitzpatrick. “Historiquement, le marché monte après les élections”. Même opinion pour Al Goldman, de Wachovia Securities. “Il faut s’attendre à un peu d’hésitation lundi et mardi avant les élections, mais à une hausse après, quel que soit le vainqueur”. “Le prochain problème du marché sera dans deux à quatre semaines, quand le président élu commencera à dire ce qu’il a en tête pour 2009”, juge-t-il.
Sceptique, Donald Ratajczak, de Morgan Keegan, s’interroge: “Est-ce que McCain va rétablir la confiance? Avons-nous besoin d’un guerrier ou d’un intellectuel? Pourquoi Obama continue de parler de répartir les richesses alors que la richesse s’effondre?”
“Avant de changer la manière dont on coupe le gâteau, il doit s’assurer que le gâteau est sur la table”, souligne l’analyste.