ésident russe Dmitri Medvedev dans sa résidence de Gorki près de Moscou le 31 octobre 2008. (Photo : Dmitry Astakhov) |
[01/11/2008 13:41:54] MOSCOU (AFP) Les autorités russes, en frappant vite et fort face à la crise financière mondiale, vont sensiblement augmenter l’emprise de l’Etat sur l’économie du pays, mais cette volte-face aura un caractère rigoureusement transitoire, assurent-elles.
La mise en oeuvre d’un plan d’aide évalué à quelque 200 milliards de dollars a pris un tour concret cette semaine avec l’attribution de premiers prêts massifs à des oligarques en vue comme Oleg Derispaska, l’homme le plus riche de Russie, qui l’a décroché pour son groupe d’aluminium Rusal.
Des dizaines d’entreprises jouent à présent des coudes pour se voir attribuer une fraction des 50 milliards de dollars débloqués par le gouvernement afin d’aider les groupes étranglés par leurs dettes et éviter la saisie de leurs actifs par des banques étrangères.
Le gouvernement a également accepté de puiser jusqu’à 10 milliards d’euros dans l’un de ses fonds souverains pour soutenir un marché boursier éreinté par la crise ainsi que par les scandales d’entreprises et par la guerre en Géorgie qui l’ont précédée (il a perdu 67% depuis le début de l’année). Il a par ailleurs fait passer à 700.000 roubles (20.000 euros) le plafond de garantie des dépôts des particuliers.
Le reste des mesures est essentiellement constitué d’aides financières au secteur bancaire, en mal de liquidités.
Le quotidien pro-Kremlin Izvestia a pris sur lui d’expliquer à ses lecteurs pourquoi le gouvernement semblait n’aider que les déjà-très-riches, négligeant le petit peuple.
“C’est une question de sécurité nationale”, explique-t-il dans ses colonnes vendredi eu égard au risque que des actifs de groupes “stratégiques” et importants producteurs de matières premières passent entre des mains étrangères, le budget russe étant composé à hauteur de plus de 40% par le produit de la vente de ces mêmes matières premières.
“L’économie russe est à présent confrontée à des conditions inverses de celles qui prévalaient avant la crise : les matières premières chères, l’inflation qui accélère, l’accès facile au capital et le rouble qui s’apprécie ont laissé la place à des cours du pétrole beaucoup plus bas (…), à un ralentissement de l’inflation, à une quasi-impossibilité de lever un crédit et à un rouble potentiellement plus faible”, note Katia Malofeeva, économiste de la banque Renaissance Capital.
Dans ces circonstances, il semble “parfaitement logique que les secteurs qui affichaient les meilleurs performances ces dernières années soient les plus durement frappés”, note-t-elle.
Pour les mêmes raisons, “la politique budgétaire très stricte du gouvernement a de fortes chances d’être remplacée par une politique de dépenses beaucoup plus active. L’Etat, qui jouait le rôle de plus grand épargnant de l’économie, pourrait devenir l’un de ses principaux investisseurs”, souligne-t-elle.
Les dirigeants russes ont vu venir la critique et se sont d’emblée défendus de toute visée dominatrice de l’Etat, qui représenterait une volte-face pour un pays issu de l’URSS.
“La nationalisation de l’économie russe n’est pas notre objectif, cela ne peut pas l’être et cela ne le sera pas”, a déclaré cette semaine le Premier ministre russe Vladimir Poutine. “L’élargissement de la présence de l’Etat dans l’économie est une mesure forcée et temporaire’, a-t-il assuré.
Tout en reconnaissant que les mesures de lutte contre la crise “n’ont pas le caractère typique d’une économie de marché”, M. Poutine a toutefois noté que les autres pays réagissaient “dans la même logique” à la crise.