Guaino : “plus question pour l’instant d’ouvrir le capital de La Poste”

[02/11/2008 19:39:31] PARIS, 2 nov 2008 (AFP)

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Logo de la poste d’un bureau parisien (Photo : Eric Piermont)

Le gouvernement n’a plus l’intention “pour l’instant” d’ouvrir le capital de La Poste, a déclaré dimanche le conseiller du président de la République, Henri Guaino, une nouvelle accueillie avec prudence par les syndicats, qui bataillent depuis l’été contre la “privatisation”.

“Je crois qu’il n’est plus question pour l’instant dans la situation où nous nous trouvons d’ouvrir le capital de La Poste”, a déclaré dimanche M. Guaino, au “Grand Rendez-Vous” Europe1/Le Parisien-Aujourd’hui en France, en faisant référence à la crise financière. Plus tard sur France Info, il a cependant précisé que “le calendrier” de cette réforme restait “valable sauf qu’aucune décision n’a été prise sur la manière de financer La Poste”.

“Je pense qu’aujourd’hui il y a d’autres priorités”, particulièrement “répondre à la crise financière”, a-t-il dit.

Le secrétaire d’Etat à la Consommation, Luc Chatel, a confirmé à l’AFP que l’ouverture du capital de l’entreprise publique n’était “pas d’actualité”, mais “il n’en demeure pas moins que La Poste a besoin d’argent pour financer son développement et se préparer (…) à l’ouverture des marchés en 2011”.

Ces déclarations n’ont pas rassuré les syndicats, qui maintiennent leur appel à une journée nationale d’action le 22 novembre, contre le projet de changement de statut de La Poste, préalable à une ouverture de capital, à leur yeux synonyme de “privatisation”.

Pour la CGT, premier syndicat de La Poste, “on voit dans cette annonce un encouragement à multiplier les initiatives d’actions pour assurer l’avenir du service public postal et celui des postiers”.

Sud-PTT, deuxième syndicat, a trouvé cette annonce “très insatisfaisante”, et a exigé “l’abandon pur et simple du projet”. “La mobilisation doit continuer”, a précisé Régis Blanchot, son porte-parole.

FO, troisième syndicat, a souligné que la bagarre n’était “pas terminée”, même si “le gouvernement a pris de la distance” avec un projet “socialement et politiquement pas tenable”.

Le PCF a appelé à “poursuivre la mobilisation” et Olivier Besancenot (LCR) a exigé “le retrait pur et simple du projet de privatisation”.

La direction de La Poste n’avait pas souhaité dimanche faire de commentaires.

Le Pdg de l’entreprise publique, Jean-Paul Bailly, avait détaillé fin août son projet, qu’il a soumis à l’Etat, et destiné, selon lui, à faire face à la libéralisation totale du courrier en 2011: transformation en société anonyme en janvier 2010, et ouverture du capital en 2011.

Selon M. Bailly, l’entreprise publique a besoin de 2,5 à 3,5 milliards d’euros pour son développement, ce qui, selon différents analystes, pourrait entraîner une ouverture d’environ 30% du capital.

Même si M. Bailly a toujours assuré que l’Etat resterait majoritaire, les syndicats jugent le changement de statut synonyme de dégradation du service aux usagers et de l’emploi des 280.000 postiers (dont 60% de fonctionnaires).

Le 23 septembre, à l’appel de la plupart des syndicats, plus de 27% des postiers ont cessé le travail, selon la direction, 40% selon les syndicats.

Plusieurs syndicats ont également lancé des pétitions et demandé un référendum sur le sujet, d’autres exigeant plutôt un débat public, relayés par plusieurs associations et partis politiques de gauche.

Face à l’ampleur du mécontentement, Nicolas Sarkozy a mis en place en septembre une commission, chargée d’étudier le changement de statut et présidée par l’ancien directeur général d’EDF, François Ailleret.

Composée notamment d’élus et de syndicalistes, elle doit rendre ses propositions en décembre, mais trois syndicats (Sud, FO, CFTC) ont déjà suspendu leur participation.