[03/11/2008 22:45:06] BRUXELLES (AFP)
éen aux Affaires économiques Joaquin Almunia, à Bruxelles le 3 novembre 2008 (Photo : Dominique Faget) |
Début de récession dès cette année, croissance quasi-nulle en 2009, hausse du chômage et dérapage des déficits: l’Europe doit s’attendre selon Bruxelles à une vraie crise économique après celle des marchés financiers, mais ses gouvernements divergent sur la réponse à y apporter.
“L’horizon économique s’est maintenant significativement assombri” avec la crise financière, a estimé lundi le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia, en publiant des de conjoncture particulièrement moroses.
Selon la Commission, les quinze pays de la zone euro sont d’ores et déjà entrés en récession technique, caractérisée par au moins deux trimestres de recul de leur Produit intérieur brut (PIB), une première depuis la création de la monnaie unique en 1999.
Elle prévoit en effet un recul de son PIB de 0,1% au troisième trimestre par rapport au précédent, puis de 0,1% au quatrième, après une baisse déjà de 0,2% au deuxième.
Cette récession technique devrait aussi toucher l’ensemble de l’Union européenne, avec un recul du PIB aux troisième et quatrième trimestres.
Au final, la croissance devrait encore résister sur l’ensemble de l’année 2008, avec 1,2% en moyenne en zone euro. Mais l’année 2009 s’annonce très dure avec une croissance au point mort, tant dans la zone euro (+0,1%) que dans l’UE (+0,2%). Un risque de véritable récession en 2009 (recul du PIB sur l’ensemble de l’année) n’est donc pas écarté.
La zone euro va au devant de sa pire performance en matière de croissance depuis sa création, même si la situation devrait ensuite s’améliorer avec 0,9% en 2010.
ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso, à Bruxelles le 29 octobre 2008 (Photo : Dominique Faget) |
“Nous allons avoir une année très problématique”, a reconnu le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, en arrivant en fin d’après-midi à une réunion avec ses collègues de la zone euro, consacrée aux moyens de faire face à cette détérioration.
Les principales économies européennes vont être durement affectées. L’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni, et l’Espagne devraient tous connaître une récession technique en 2008.
En 2009, le Royaume-Uni et l’Espagne devraient enregistrer un recul de leur PIB sur l’ensemble de l’année, tandis que la France, l’Allemagne et l’Italie devraient connaître une stagnation.
Conséquence de ce ralentissement généralisé: la Commission européenne s’attend à un progression de deux millions du nombre de chômeurs entre 2008 et 2010.
Autre conséquence, le creusement des déficits. Sept pays de l’Union européenne, à commencer par l’Irlande, mais aussi la France qui préside actuellement l’UE, devraient dépasser à partir de 2009 la limite européenne autorisée pour le déficit public, de 3% du PIB.
Toutefois, Bruxelles a déjà promis de faire preuve de souplesse, compte tenu de la gravité de la crise financière.
Les gouvernements réfléchissent à présent à des mesures pour atténuer le ralentissement économique. Mais comme il y a un mois et demi face à la crise bancaire, les avis divergent encore sur l’opportunité d’un plan d’action concerté.
M. Almunia, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker et son collègue belge Didier Reynders ont soutenu l’idée de mesures coordonnées de soutien à l’activité, même si M. Juncker a redit son opposition à un grand plan de relance européen creusant les déficits.
“Nous avons réagi en commun à la crise financière. On va peut-être réagir aussi en commun quand il s’agit d’aller vers une crise économique et des problèmes sociaux”, a dit M. Reynders, en évoquant notamment l’idée de mesures “pour aider les entreprises à obtenir des crédits”.
Mais son collègue néerlandais Wouter Bos s’est montré très sceptique quant à une action plus coordonnée. Les décisions de politique économique sont “du ressort national”, a-t-il estimé.