[03/11/2008 16:51:40] PARIS (AFP)
évisions françaises pour le budget 2009, en pourcentage du PIB |
Coup d’arrêt à la croissance et explosion du déficit public en 2009 sous l’impact de la crise financière: les dernières prévisions de la Commission européenne publiées lundi dressent un scénario catastrophe pour l’économie française l’an prochain.
Sans brosser un tableau aussi noir, le gouvernement français est quant à lui déjà en train de préparer les esprits à une sévère révision des prévisions sur lesquelles il a fondé son prochain budget, actuellement en débat au Parlement.
“Sur l’année 2009, est-ce qu’on sera en croissance faible, ou est-ce que l’on sera en récession? Honnêtement, personne n’en sait rien aujourd’hui. C’est pour cela d’ailleurs que l’on attend encore un certain nombre de données de fin d’année pour réviser nos prévisions de croissance”, reconnaît ainsi le Premier ministre François Fillon dans une interview à France 2 qui sera diffusée lundi soir.
Dans son projet de budget réalisé en septembre, le gouvernement table sur une croissance de 1,0% l’an prochain avec un déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) de 2,7% du PIB. Des chiffres jugés désormais caducs et irréalistes par de nombreux économistes et parlementaires.
“Aujourd’hui, aucun prévisionniste n’a de chiffres précis sur ce qui se passera”, tranche-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, avant d’insister: “quand les chiffres ont été élaborés en septembre, ils étaient parfaitement sincères”.
Le gouvernement attend les premiers chiffres de la croissance française au troisième trimestre, le 14 novembre, pour dévoiler ses prévisions révisées, ajoute-t-on à Bercy.
“Quand on aura l’ensemble des chiffres permettant de le faire, on fera le recalage des prévisions de croissance: est-ce que ce sera 0,5, est-ce que ce sera 0,3, je n’en sais rien. On est en train de travailler et l’on en tirera les conséquences sur le déficit”, poursuit M. Fillon dans son interview.
La Commission européenne a annoncé lundi prévoir une croissance nulle en France l’an prochain, avec un déficit à 3,5%, bien au-delà de la limite de 3% autorisée. Et malgré une légère reprise de l’économie en 2010 (0,8% de croissance), le déficit public continuerait de se creuser pour atteindre 3,8 points de PIB, alors que le gouvernement a pour objectif 2,5% de croissance et un déficit réduit à 2,0 points de PIB.
Si les nouvelles prévisions de Bruxelles sur la croissance de la France ne sont pas brillantes, elles s’inscrivent toutefois dans la moyenne de la zone euro (0,1% en 2009) et restent comparables à celles de ses principaux partenaires européens.
Les anticipations de déficit sont nettement moins satisfaisantes.
Alors que la plupart des grandes économies de l’UE resteraient en deçà de la limite autorisée des 3 points de PIB, le déficit français s’envolerait et la France serait le seul pays de la zone euro, avec l’Irlande, à franchir la ligne jaune.
Après avoir martelé pendant des mois que, malgré la crise financière et ses répercussions sur les finances publiques, la France ferait tout pour tenir ses engagements européens, François Fillon a fini par admettre qu’elle s’écarterait des critères de Maastricht l’an prochain.
“On aura un peu plus de déficit (…) L’important, évidemment, c’est de ne pas aller beaucoup au-delà des 3%”, a-t-il lâché.
Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a prévenu lundi que si les prévisions de ses services concernant la France se vérifiaient “il y aura à un certain moment la nécessité des mesures additionnelles” après le rappel à l’ordre déjà adressé à Paris fin mai.