Ryanair espère bien danser en temps de récession et vise les Etats-Unis

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énéral Michael O’Leary, le 3 novembre 2008 à Londres (Photo : Shaun Curry)

[03/11/2008 16:27:43] LONDRES (AFP) La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a espéré lundi ne pas connaître de pertes cette année, malgré, voire grâce à une récession dont elle prédit qu’elle lui sera favorable, l’autorisant peut-être même à terme à créer une nouvelle compagnie transatlantique.

Ryanair a annoncé des résultats semestriels marqués, hors éléments exceptionnels, par un recul de 47% du bénéfice net, à 214,6 millions d’euros, pour une hausse de 16,5% du chiffre d’affaires et de 19% du nombre de passagers.

Malgré une période hivernale qui devrait engendrer des pertes aux deux derniers trimestres, Ryanair compte néanmoins être à l’équilibre fin mars, grâce notamment à la baisse des prix du pétrole et à la manière dont il s’est déjà couvert en carburant.

“Nous pensons que les tarifs moyens du second semestre baisseront de 15 à 20%, ce qui amènera des pertes” et une baisse de presque 12% du tarif moyen annuel, mais cela “est largement compensé par la baisse des prix du carburant”, selon le directeur général Michael O’Leary, qui prévoit “l’équilibre cette année”, grâce aussi à une solide trésorerie.

Le groupe d’économistes Davy Research a qualifié les résultats de “bons”, soulignant la robustesse d’une demande confirmée par les chiffres de fréquentation d’octobre publiés lundi aussi.

Ryanair a ainsi enregistré 18% de passagers supplémentaires par rapport à octobre 2007, soit 56,8 millions personnes sur les douze derniers mois.

Michael O’Leary, en jean et baskets et le verbe fleuri comme à l’accoutumée, a présenté lors d’une conférence de presse cette progression en regard des chiffres de British Airways (BA), dont la fréquentation baisse au contraire depuis avril. “Avec la récession, les passagers se tournent vers Ryanair”, a-t-il lancé.

Presque avec de la gourmandise dans les yeux, il a assuré que cette crise serait “sombre” et profonde”, et pourrait durer au moins dix-huit mois.

Mais “nous avons besoin d’une récession (après) dix ans de croissance”, a-t-il dit, ajoutant : “Une récession nous débarrasse des compagnies déficitaires minables et nous permet d’acheter des avions moins chers”.

Il a énuméré les compagnies aériennes européennes qui connaissent actuellement des difficultés (Air Berlin, Aer Lingus, Spanair, ou Alitalia), ou ont fait faillite, comme Futura, XL Airways, LTE ou Sterling.

Il a souligné aussi les rapprochements actuellement discutés, autour de Lufthansa (avec SN Brussels, BMI, Austrian), BA (avec Iberia) ou Air France KLM (avec VLM). Et il a prédit qu’à terme, il n’y aurait plus que ces trois grandes compagnies classiques, avec, en face, Ryanair et ses prix cassés.

Interrogé sur les bases que Ryanair pourrait ouvrir l’année prochaine, il a dit “attendre de voir qui aura fait faillite cet hiver” pour se prononcer. Même la concurrente easyJet ne l’impressionne pas. “Qu’elle fusionne avec British Airways ou Air France aurait du sens”, a-t-il lancé.

Du côté des grands concurrents, M. O’Leary espère, sur la base d’un baril de pétrole stabilisé à 80 dollars, que ceux qui se seront imprudemment couverts en carburant au prix fort devront augmenter encore leurs prix, envoyant des clients supplémentaires à sa compagnie.

Dans deux ou trois ans, a prédit le patron, Ryanair pourrait alors envisager de lancer une compagnie transatlantique séparée dont elle serait actionnaire. Ainsi, 50 à 60 appareils pourraient voler, à raison de huit à dix bases en Europe et autant outre-Atlantique sur des aéroports secondaires, pour 10 à 1.500 euros (en classe affaires) par trajet environ.

“Mais rien ne se passera tant que les prix (des avions long-courriers) ne seront pas bon marché”, a-t-il prévenu, et “cela, c’est encore un gros +si+”.