La cueillette bat son plein du côté de Tozeur, et devrait se
poursuivre jusqu’en décembre. Et la récolte est plutôt bonne puisqu’on estime
qu’elle attendra les 40.000 tonnes contre 32 000 tonnes l’année précédente.
Kébili n’est pas en reste puisqu’on y récoltera 78 000 tonnes de dattes. Sachant
que 61.000 tonnes de la production des dattes tunisiennes sont exportées vers 56
pays, générant ainsi plus de 187 millions de dinars de revenus.
Autant de raisons qui ont poussé nos députés à se pencher sur nos palmiers
dattiers, ces symboles de notre Grand Sud tunisien. Mieux : nos parlementaires
ont même adopté une loi visant à préserver ces arbres emblématiques. L’objectif
affiché étant de diversifier, et surtout de protéger le patrimoine génétique de
nos palmiers. Une affaire d’autant plus importante que ces arbres assurent 13%
de nos exportations nationales. Ce sont donc ces facteurs qui ont sans doute
amenés l’un de nos députés à réclamer un centre technique pour nos dattes.
D’autant plus qu’un centre de ce type existe déjà pour les agrumes. Le
département de l’agriculture étudiera sérieusement la proposition, a indiqué M.
Abdessalem Mansour, ministre de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques.
A noter que le soutien accordé au palmier est loin d’être uniquement
juridique. Un programme cofinancé par la Banque japonaise de coopération
internationale a contribué à optimiser l’irrigation dans 87 oasis du sud
tunisien, et ce, de 1998 à 2007. Dans un contexte marqué par la rareté des
ressources hydriques, de nouvelles techniques ont été introduites pour limiter
le gaspillage de l’eau. On a ainsi utilisé des canalisations en plastique et en
dur, pour éviter l’évaporation du précieux liquide. De 2008 à 2016, plus de
7.800 hectares seront mis en valeur, dans nos oasis, pour un investissement de
80 millions de dinars dont 60 millions de dinars avancés par de la Banque
japonaise de coopération internationale sous forme de crédit. Une douzaine
d’agronomes du centre de recherche agricole oasienne de Degueche s’activent pour
développer une bonne centaine de variétés de dattes. Des chercheurs qui visent
aussi à préserver des espèces de palmiers dattiers menacés de disparition. On
parle même de leur accorder plus de moyens, notamment humains, pour les aider
dans leurs recherches.
En somme, qu’une loi protège la principale source de revenus de la culture
oasienne, et que de vraies mesures soient prises pour la protéger est un juste
retour des choses. Autant dire, donc, que les dattes pourront, à ce prix,
retrouver toute leur majesté. La moindre des choses, au pays de Béchir Khraïef,
le chantre de nos dattes, le barde de nos oasis. Parce que ce fruit doux et
ambré a aussi permis l’éclosion de véritables perles littéraires, comme «Eddegla
fi arrajinha». Parce que Degglet ennour, la datte de lumière, n’est pas qu’un
simple produit destiné à l’exportation. C’est clairement un symbole identitaire.
Et irriguer les palmiers, c’est aussi s’abreuver aux sources de nos racines.