La baisse de l’euro, bouffée d’oxygène insuffisante pour les exportateurs français

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Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget)

[04/11/2008 08:26:55] PARIS (AFP) La baisse de l’euro est ressentie par les entreprises exportatrices françaises comme une bouffée d’oxygène, mais elle ne permettra sans doute pas d’atténuer les effets du ralentissement économique et de carnet de commandes dégarnis.

Depuis plusieurs semaines, la monnaie unique se négocie sous le seuil de 1,30 dollar, loin de son pic de 1,60 dollar atteint mi-juillet.

“C’est une très bonne nouvelle pour les exportateurs français, d’autant qu’elle se conjugue avec une forte baisse des matières premières”, estime Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.

Pour certaines sociétés exportatrices, la baisse de la monnaie unique se traduit en effet directement par une hausse de l’activité.

“On sent qu’un certain nombre d’affaires se débloquent aux Etats-Unis, on avait baissé les prix mais aujourd’hui on a plus de flexibilité pour les remonter”, souligne Gilles Widawski, PDG de Setaram, fabricant d’instruments d’analyse thermique.

Sur un chiffre d’affaires annuel d’environ 17 millions d’euros, ce chef d’entreprise espère gagner 1 million supplémentaire aux Etats-Unis grâce à la seule baisse de l’euro.

“On redevient compétitif à l’export”, se réjouit aussi Jean Sommereux, PDG d’Ego Paris, qui fabrique du mobilier d’extérieur. Depuis quelques temps, il dit sentir une “ouverture et une écoute” auprès de clients que la force de l’euro avait détournés.

Pour Bruno Durieux, président du Comité national des Conseillers du Commerce, la baisse de la monnaie unique est surtout une très bonne nouvelle pour les constructeurs aéronautique et automobile, confrontés à des coûts en euro mais des ventes en dollars.

Chez EADS, on souligne pourtant que les calculs se font sur une valeur “annuelle moyenne du dollar”.

“Bien sûr, quand le taux euro/dollar s’arrange, tant mieux, mais on ne spécule pas sur une baisse tendancielle (de l’euro) dont on ne sait rien – donc pour nous il n’y a rien de changé”, affirme-t-on au siège de la société, qui maintient son plan d’économies engagé pour contrer la faiblesse du dollar.

L’impact du reflux de l’euro “ne sera pas instantané”, concède aussi Alexander Law, du cabinet Xerfi, qui met en garde contre une persistante “volatilité” des taux de change.

Surtout, cette baisse intervient alors que la crise financière menace désormais la France de récession, à l’instar du reste de l’Europe, et que les industriels font déjà les frais d’une demande en berne.

Le rythme de détérioration des nouvelles commandes à l’export a ainsi atteint un plus haut historique, selon une enquête de la société Markit publiée lundi.

“La baisse de l’euro est une bouffée d’oxygène pour les entreprises exportatrices, malheureusement elle arrive au moment où la demande internationale est déprimée”, juge ainsi Alexander Law.

“Ca permet de limiter la casse, c’est toujours bon à prendre, mais s’il n’y pas de demande, il n’y aura pas de ventes”, ajoute-t-il.

Philippe Blandinière, PDG de la société Elmetherm, qui fabrique des lignes thermiques, s’inquiète ainsi de commandes dont l’horizon ne dépasse pas trois mois, contre six auparavant.

“Pour qu’on fonctionne bien, il faut ces six mois de commandes; aujourd’hui le feu est à l’orange, mais il peut passer au rouge très vite”, prévient-il.

“On sent qu’il faut se battre un peu plus”, confie de son coté Philippe Louzon, directeur export de Blanchon, fabricant de produits de traitement du bois. “On est le même nombre d’acteurs, mais le gâteau qu’on se partage est plus petit”, ajoute-t-il.