[04/11/2008 13:53:33] FRANCFORT (AFP)
à l’usine BMW de Leipzig, dans le centre de l’Allemagne (Photo : Sebastian Willnow) |
Automobile, haut-de-gamme et crise, la combinaison s’est révélée périlleuse pour le constructeur allemand BMW, fragilisé depuis le début d’année et désormais incapable de donner une prévision de résultats pour 2008.
Son principal concurrent, son compatriote Daimler, avait déjà admis fin octobre être touché par la crise et avait abaissé ses prévisions. Mais BMW va plus loin.
“Aucun pronostic sérieux n’est actuellement possible pour le reste de l’année 2008”, a déclaré, à deux mois de la fin de l’exercice en cours, Norbert Reithofer, le patron du groupe bavarois, au cours d’une conférence téléphonique.
Seuls deux éléments sont certains à ses yeux.
BMW va encore gagner de l’argent, avec un résultat “nettement positif” attendu cette année, après un bénéfice net de 3,13 milliards d’euros en 2007.
Deuxième point: BMW ne parviendra pas à dépasser le record des ventes de l’an passé, où elles avaient atteint 1,5 million d’unités. En cause, un recul prévisible de sa marque éponyme, tandis que la petite citadine Mini et la luxueuse Rolls Royce vont progresser, a indiqué M. Reithofer.
Et les perspectives pour les mois à venir sont sombres pour le constructeur de berlines. “On est encore loin d’avoir surmonté la crise financière, particulièrement ses conséquences sur l’économie réelle en 2009”, a admis M. Reithofer.
Conséquence, comme nombre de ses concurrents, BMW va réduire sa production d’ici la fin décembre: en plus des 25.000 unités en moins annoncées cet été lors d’un premier avertissement sur résultats, il va se passer de 40.000 unités supplémentaires. Soit, au total, une baisse de 4% sur la production de 2007.
Certains projets vont être annulés, des voitures produites aux Etats-Unis seront envoyées vers des marchés plus porteurs.
à Détroit (Photo : Stan Honda) |
Le constructeur a également affirmé mardi qu’il atteindra son objectif de 8.100 suppressions de postes dans le monde d’ici la fin de l’année. Si besoin, il supprimera des postes d’intérimaires supplémentaires, a précisé le patron.
L’allemand BMW souffre comme les autres de la chute brutale des marchés automobiles dans le monde, ainsi que des coûts des matières premières et des effets de change. Mais, plus que d’autres, il pâtit de la crise financière: BMW a en effet massivement investi dans le secteur du leasing, notamment aux Etats-Unis.
Si le secteur a longtemps été très lucratif, il s’avère aujourd’hui une charge: après quelques années en leasing, les véhicules reviennent aux constructeurs qui les revendent. Mais ces prix d’occasion ont chuté ces derniers mois.
La situation ne s’est pas améliorée aux Etats-Unis et “a empiré en Europe, notamment en Grande-Bretagne mais aussi en Allemagne”, a expliqué Friedrich Eichiner, membre du directoire de BMW.
Conséquence, les charges exceptionnelles atteignent un total de 1,3 milliard d’euros pour BMW depuis le début d’année.
Elles ont logiquement plombé ses performances du troisième trimestre: son bénéfice net a plongé de 63% à 298 millions, tout comme son bénéfice imposable (279 millions d’euros), pour un chiffre d’affaires en baisse de 8,6% à 12,6 milliards d’euros.
Entre juillet et septembre, les ventes de BMW –toutes marques confondues– ont reculé de 4% à près de 350.000 unités.
Mais la Bourse de Francfort ne sanctionnait pas l’action. Mardi à 11H55 GMT, après une chute de près de 7% peu après l’ouverture, le titre bondissait de 6,93% à 22 euros sur un indice vedette Dax en hausse de 1,80%.
Les mauvaises nouvelles en provenance du marché automobile ont déjà été intégrées dans les valeurs du secteur, selon des courtiers qui renvoyaient aussi à des rachats de vendeurs à découvert, qui ont spéculé sur l’évolution du cours.