Crise : les Européens affûtent leurs armes avant le sommet de Washington

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çaise de l’Economie Christine Lagarde (c), entourée de ses homologues espagnol Pedro Solbes (g) et belge Didier Reynders, le 3 novembre 2008 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[04/11/2008 12:08:42] BRUXELLES (AFP) Les Européens se mettent mardi en ordre de bataille en vue du sommet mondial à venir sur la réforme du système financier international, en définissant leurs grandes priorités face à des Etats-Unis fragilisés par la crise bancaire et le départ en vue de George W. Bush.

“Tout devrait être régulé à l’avenir. Le moment est venu où l’on ne peut plus juste croire à l’autorégulation”, a déclaré le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos, en arrivant à une réunion avec ses homologues de l’Union européenne.

“L’économie de marché fonctionne quand les marchés ont des règles fixes qui sont transparentes pour tous les participants”, a souligné pour sa part le ministre autrichien des Finances Wilhelm Molterer.

La France, qui préside actuellement l’UE, a proposé un certain nombre de mesures face à la crise des marchés, dans un document sur “l’architecture financière internationale”, étudié mardi par les grands argentiers européens.

Il doit servir à préparer les propositions européennes pour le sommet de Washington le 15 novembre sur la réforme du système financier mondial. Elles seront encore précisées lors d’une réunion extraordinaire des dirigeants européens vendredi à Bruxelles, organisé par la présidence française.

Dans son document, la France propose de promouvoir la transparence et une plus grande responsabilité des acteurs financiers, de renforcer la régulation des marchés, de réduire les pratiques à risque, d’améliorer la supervision ou encore de renforcer le rôle du Fonds monétaire international (FMI) dans la surveillance.

“La présidence française souhaite que l’Europe joue un rôle majeur lors du sommet international sur la crise financière organisé aux Etats-Unis le 15 novembre”, souligne-t-elle dans un document distribué à la presse.

“Il est essentiel que l’Europe parle d’une seule voix au sommet” des dirigeants des pays industrialisés et des grandes économies émergentes (G20) du 15 novembre, a également souligné M. Molterer.

Les Européens plaident avec force pour une réforme réelle et complète du système financier mondial, une sorte de nouveau Bretton Woods du nom des accords qui gouvernent depuis 1944 la finance internationale. Ils souhaitent rapidement une forme d’instance de supervision mondiale des marchés.

L’Europe entend profiter de la crise financière pour imposer ses vues aux Etats-Unis, placés en position d’accusés dans la mesure où la tourmente a pris naissance chez eux.

Une victoire lors de l’élection présidentielle de mardi du démocrate Barack Obama, plus ouvert à une régulation renforcée des marchés financiers que le républicain George W. Bush, pourrait les aider.

Mais la tâche ne sera pas aisée pour convaincre les Américains. Lundi, la Maison Blanche s’est montrée très prudente sur les chances de voir le prochain sommet du G20 sur la crise financière aboutir à des mesures concrètes, malgré la pression en ce sens exercée par le président français Nicolas Sarkozy.

“Peut-il y avoir des questions concrètes sur lesquelles on s’entend ? Je ne sais pas”, a dit la porte-parole de George W. Bush.

“Le président et les dirigeants (invités) se sont entendus sur la tenue d’une série de sommets. Je ne pense donc pas que quiconque doive escompter que nous nous séparions la semaine prochaine et que tout soit réglé”, a-t-elle ajouté.

A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a cependant insisté mardi pour l’adoption rapide de nouvelles règles pour les marchés financiers.

Les négociations sur ce sujet “ne doivent pas durer des années, mais des mois”, a-t-elle plaidé, lors d’une conférence organisée par le patronat allemand.